Je vous propose de démarrer la seconde partie de cette présentation de l’art de rue à Montréal (street art pour les intimes) par quelques images triviales, mais qui ont le mérite grâce à des artistes anonymes, à des graffeurs inspirés, d’égayer rues et cours de la ville.
Art de rue, art des cours
Ainsi, certaines sites urbains, jardins comme cours ou façades d’immeubles sont « occupés » par des dessins en général gais, qui semblent réalisés au gré des inspiration des habitants, un moyen d’expression personnelle, collective parfois. Un exemple avec cette cour, rue Saint Dominique :
On peut, sans en faire un grand éloge, remarquer l’homogénéité de la palette de couleurs. Même la poubelle s’intègre dans ce coin de paysage urbain…
Une autre illustration de cet art de rue, art de cour : un escalier d’immeuble du Plateau, dans une rue toute proche, qui a un caractère nettement plus tonique. Illustration représentative de dizaines d’autres aperçues au hasard de nos balades dans Montréal :
Mais est-ce du street art ou du graff ? A chacun de se faire son idée. En tout cas, ce type de composition compliquée se retrouve sur de nombreux murs, même dans l’hyper centre, comme celle reproduite ci-dessous. L’art de rue tendance art moderne (Basquiat ?), ou pop art, ou BD délirante ou… ?
Un dernier regard sur une cour bien dégagée. C’est l’occasion d’acérer notre regard pour mieux examiner des œuvres plus « sérieuses » (?).
Art de rue et engagement social et politique
De la même manière que sont engagés certains artistes cités dans ce site à l’occasion de l’exposition Hyperréalisme, ceci n’est pas un corps, bon nombre de murales découvertes au fil des pérégrinations dans Montréal ont des intentions militantes.
Commençons par une œuvre de Denial, Black Lives Matter, découverte dans un parking au centre d’un block.
Œuvre à lire bien sûr en relation avec le meurtre de George Floyd… Notons aussi que tous n’ont pas le respect de l’œuvre. Quoi de mieux que cette murale pour immortaliser sur une si belle et émouvante toile de fond sa splendide voiture : black cars matter !
Autres larmes, celles que fait verser D*Face, encore une fois sur un mur aveugle donnant sur un parking.
Explications : « intitulée « Looking Back », cette murale de D*Face reflète la fascination de l’artiste pour la publicité et sa nostalgie de l’époque des signalétiques peintes à la main. Il a ainsi mélangé le côté Pop Art caractéristique de son style avec des lettrages faisant référence à son histoire familiale. Le texte que l’on peut en partie apercevoir en toile de fond se rapporte à l’immigration de ses ancêtres ayant quitté Montréal vers 1915« .
Encore une peinture militante : celle du chilien INTI, qui énonce dans une murale étonnante par son aspect fantastique que la soif de l’or nous laissera sans eau : “La Sed del Oro Nos Dejara Sin Agua”. Une pièce d’art de rue prémonitoire car elle date de 2014 ; elle a été imaginée lors de la lutte de différentes communautés contre un projet de méga-mine qui devait s’implanter dans la province de Huasco (région d’Atacama, projet Pascua Lama). Elle trouve aujourd’hui hors de son contexte d’origine une résonance particulière. L’eau vaut bien plus cher que le pétrole ! Pour l’humanité en tout cas, peut-être n’en est-il pas ainsi pour le capital.
Toute revendication murale n’est pas nécessairement artistiquement léchée, soignée, et certaines pour ne pas être signées n’en sont pas moins fortes. C’est l’exemple de celle-ci, dont on peut penser qu’il s’agit de la ré-appropriation d’une ancienne peinture pour une cause très politique : la disparition de femmes autochtones, phénomène dont se préoccupe le gouvernement canadien depuis le début des années 2000.
L’art de rue : conclusion poétique et provisoire
Je terminerai cette sélection de murales par une peinture de Seth, artiste français dont le sujet est souvent lié à l’enfance.
Enfonçons-nous dans l’arc en ciel. En espérant que de l’autre côté la lumière soit plus belle et la chaleur plus douce…
Fin de l’épisode canadien, il resterait beaucoup à publier car notre festin a été bien copieux, mais n’allons pas jusqu’à l’indigestion. C’est le moment pour nous de faire une sélection de tirages papier, on rêve mieux devant un beau tableau que devant un écran. N’hésitez pas à nous mettre un mot si vous souhaiter en profiter.