Mobilités urbaines : Montréal vs. Grenoble

La ville devient hostile aux piétons. Comme à Grenoble, où nous avons l’impression quand nous nous déplaçons pedibus cum jambis de n’être que tolérés sur les trottoirs. Car les « nouvelles mobilités urbaines » ont envahi l’espace.

Nouvelle mobilité urbaine pour anciens grenoblois
Nouvelle mobilité urbaine pour anciens grenoblois, ici un exemple acceptable

Encouragés par la politique locale, les vélos frôlent les piétons même lorsque ils disposent d’une piste cyclable sur la chaussée, les trottinettes effraient avec un malin plaisir les non motorisés en surgissant comme des obus sur le côté, derrière vous, sans prévenir.

Il y a aussi les skateboards électriques, les gyropodes… et autres engins d’individualisation des déplacements qui revendiquent le droit de vous bousculer sur les passages cloutés quand vous traversez sagement. Qui vous font un doigt d’honneur quand vous manifestez votre agacement.

A Grenoble, inutile de se réfugier dans les rues piétonnes du centre ville, fièrement estampillées « Réservées aux piétons ». Effet d’annonce qui n’empêche ni les Uber lancés à toute vitesse de revendiquer la priorité au titre de leur statut de travailleurs (tristement précaires, nous pouvons les plaindre), ni les autres engins (pour les ringards comme moi, les EDPM : engins de déplacement personnel motorisés) de se faufiler dangereusement malgré la densité des obstacles humains qu’ils négocient avec mépris.

Quel stress ! Avoir réduit l’empreinte de la voiture dans la ville pour mieux en chasser ceux qui marchent à pied n’est pas digne d’un maire qui se revendique écolo. C’est pourtant la réalité de la capitale des Alpes…

Ce n’est pas nécessairement le cas ailleurs !

La marche à pied est pourtant la première des mobilités urbaines

Partons d’un constat : tout cyclopodiste, tout monorouleur, tout cycliste, tout trottinettiste, tout surfeur devra à un moment ou à un autre descendre de son engin pour rejoindre le méprisé commun des mortels. Il serait donc logique que les marcheurs soient correctement traités…

Allons voir du côté de Montréal comment font nos cousins nord-américains…

Au passage piéton on attend tranquillement : lorsque le feu s'allumera on ne se fera ni bousculer ni insulter par un cycliste ou un trottinettiste
Au passage piéton on attend tranquillement : lorsque le feu s’allumera on ne se fera ni bousculer ni insulter par un cycliste ou un trottinettiste en traversant

Étonnement en observant les passages cloutés locaux.

Car ici pas de stress… Les piétons traversent sans crainte lorsque le petit bonhomme vert s’allume. Sans se faire bousculer ou insulter par des cyclistes auxquels (c’est du moins ce qu’ils pensent) le panneau M12 donne tous les droits. Sans avoir l’impression d’être les quilles d’un slalom urbain, spécialité des trottinettes lâchées dans l’arène, superbement montées par des gladiateurs modernes. Splendides combattants aux casques supra auriculaires adaptés à la guérilla urbaine en les rendant insensibles au monde qui les entoure.

Montréal choisit d’être une vraie métropole apaisée

Alors, quand le paysage urbain s’organise différemment, quand les utilisateurs des mobilités urbaines alternatives respectent le code de la route, les marcheurs et les handicapés en fauteuil, les pousseurs de poussettes, quel bonheur ! On est loin de l’auto-satisfaction du Maire de Grenoble, fièrement proclamée aux portes de la ville sur des panneaux monumentaux… La vitesse des voitures y serait (!) limitée à 30 km/h, quand les EDPM cités plus haut dépassent fréquemment les 45 km/h : cherchez l’erreur.

C’est ainsi que nous avons apprécié notre séjour à Montréal, fin 2022. Et parcouru la ville de long en large paisiblement, sereinement. Sans trottinettes !!! Sans sauvagerie, mais est-ce pour longtemps ? Il semble en tout cas que les édiles québecois ne cherchent pas à flatter l’arrogance des adeptes des nouvelles mobilités urbaines, mais tout bonnement à garder la ville vivable pour les gens paisibles et les moins jeunes. Et agissent en la matière avec prudence et respect des intérêts de chacun, refusant de livrer la ville aux sociétés commerciales qui font leur nanan de cet engouement pour ces nouvelles mobilités urbaines.

Montreal-Mobilites-urbaines-01 : une rue sécurisée pour tous
Dans cette avenue, pas de conflits de voisinage, chacun trouve la place qui lui convient en fonction de son mode de déplacement

Un exemple d’aménagement rassurant, sur cette image : les voitures d’un côté de la chaussée, les vélos de l’autre. Et des trottoirs bien larges pour les piétons. Que demander d’autre pour le peuple des marcheurs ? Rien…

Par ailleurs, il n’y a pas de regret à avoir de ne pas visiter cette métropole en voiture, car même si la conduite automobile y est bien calme, les rues bien perpendiculaires, l’excès de signalisation lumineuse ou graphique ne rend pas les trajets urbains bien confortables pour les touristes que nous étions.

Montreal-Mobilités urbaines - 02 Une signalisation profuse
Trop de signalisation tue la signalisation et provoque de la confusion

Et puis, il y a un autre aspect à considérer. La tolérance des utilisateurs des différents modes de déplacement est aussi liée à une philosophie de la sérénité exprimée par la municipalité.

Loin de la recherche d’adrénaline de nos villes françaises en jouant les bolides dans les rues, ici on fait l’éloge de la lenteur, et on ose l’écrire en un langage accessible à tous, jeunes et moins jeunes, avec même un peu d’humour !

Le vélo fait partie des mobilités urbaines

Montreal-Mobilités urbaines - 03 Zone lenteur on y va mollo
Zone lenteur, on y va mollo, même les vélos !

Aller lentement permet aussi de découvrir la ville et ses sourires, ses curiosités. Comme ici cette promesse de savourer salement une poutine… Après l’effort cycliste, le réconfort gustatif. Nul doute que les ukrainiens apprécieraient !

Montreal-Mobilités urbaines - 04 Sale Poutine !
Dirty pizza ou sale Poutine, à vous de choisir

Maintenant, on trouve aussi dans la ville suffisamment d’espaces verts, de voies aménagées pour un entraînement plus intense. Et toujours avec le sourire !

Montreal-Mobilités urbaines - 05 Le sourire et l'effort tranquille
A d’autres endroits on peut accélérer, pour un effort tranquille. Et en souriant !

Dans Montréal, pourtant une ville moderne comme Grenoble, on ne trouve pas toute la panoplie des nouvelles mobilités urbaines. Mais on y dispose heureusement de moyens de déplacement collectifs et traditionnels. Bus, métro… les transports en commun rendent bien des services. Pour le vérifier, descendons sous terre pour un trajet vers l’animation du centre.

Montreal-Mobilités urbaines - 4bis L'entrée du métro
Descente dans les couloirs du métro. Avez-vous remarqué ? Personne ne se hâte en bousculant les autres usagers dans les escaliers mécaniques…

Un avantage de ce mode de transport : on n’a pas les mains occupées par la tenue du guidon, ni les jambes mobilisées par l’effort musculaire. Alors profitons de ce moment de repos pour reprendre des forces !

Montreal-Mobilités urbaines - 07 Métro et grignotage
Pratique, mais diététiquement non recommandé : le grignotage dans le métro

Nous y sommes. Le parcours n’a pas duré très longtemps, et le tube nous a évité de recevoir l’averse dont on profité ceux du dessus.

Montreal-Mobilités urbaines - 08 La grisaille après les couleurs du métro
La grisaille en surface, après les couleurs vives des souterrains, le monde à l’envers

La chaussée luisante rend la ville un peu sombre, un peu triste. On distingue moins bien les détails, la vue est un peu brouillée. Alors pour bien se faire voir des automobilistes et éviter tout accident, il convient d’adopter une tenue flashy, ne serait-ce que par ses chaussures ! Jogger en cette tenue appartient aussi aux nouvelles mobilités urbaines ?

Montreal-Mobilités urbaines - 09 Etre bien chaussé à pied comme en vélo ou en voiture
Etre bien chaussé, en voiture comme en vélo ou à pied. Et se faire voir, question de sécurité ou de goût ?

Se faire voir (non, non pas aller se faire voir, mais être vu) est parfois aussi une nécessité. C’est le cas des services de secours, qui ajoutent aux couleurs et aux gyrophares le bruit de leurs sirènes.

Montreal-Mobilités urbaines - 10 Services d'urgence en son et lumière
Services d’urgence en son et lumière, exception au calme régnant

Un vrai spectacle de son et lumière, parfois, comme ici lors d’une intervention de nuit dans la résidence dans laquelle nous logions. Il ne s’agissait pas d’un exercice… Voici qui a donné du piment à notre voyage (fort heureusement, cela tenait plus du piment doux que de la langue d’oiseau, pas de dommages).

Montreal-Mobilités urbaines - 11 Intervention incendie, sans attroupement
Une intervention incendie qui ne donne pas lieu à un attroupement de curieux, chacun vaque à ses occupations

Des nouvelles mobilités urbaines collectives, cela existe

Passons maintenant à des déplacements plus doux et conviviaux, cette fois dans le registre croisé des nouvelles mobilités urbaines et des transports en commun. Admirons ce splendide véhicule (non motorisé et non polluant, aux intérêts commerciaux donc limités !) qui parcourt à un train de sénateur les trottoirs du boulevard Saint Laurent.

Montreal-Mobilités urbaines - 12 Nouvelles mobilités urbaines, du collectif !
Nouvelles mobilités urbaines, du collectif ! Déplacements doux pour les plus jeunes

La tranquillité des passagers fait plaisir à voir ! Espérons que dans une quinzaine d’années ils sauront ne pas ensauvager les espaces de circulation urbaine montréalais en utilisant de nouvelles nouvelles mobilités urbaines (car il en reste sans doute encore à inventer, au delà des actuelles) !

La ville recèle aussi d’autres surprises. Montréal est une ville bâtie sur le fleuve et en voyant cet équipage, je me suis demandé si le propriétaire n’envisageait pas de traverser l’onde pour rejoindre le continent en renversant son ensemble et naviguer à la pagaie d’une rive à l’autre.

Montreal-Mobilités urbaines - 13 Bimode de transport
Bi-mode de transport, à l’endroit ou à l’envers en fonction du support choisi

Ou plutôt, il est probable que profitant de l’été indien, il se prépare à partir dans les Laurentides, pour passer un peu de temps dans un paysage arboré bien plus vaste et varié que celui de Montréal…

Montreal-Mobilités urbaines - 14 Depart pour les Laurentides
Départ pour les Laurentides pour profiter de l’été indien ? Seulement sur le goudron…

Les couleurs y sont encore plus belles, l’horizon plus lumineux. C’est une destination favorite pour une escapade du week-end. Mais on quitte là le domaine des mobilités urbaines.

Serait-ce la proximité avec la nature qui rend les Montréalais si paisibles ? Nous le saurons, peut-être, à leur retour…

Israël sous un autre angle (photographique)

Pourquoi cela ? Pourquoi un autre angle ? Cela remonte à loin…

Durant mes études j’avais travaillé pour l’OFQJ (l’Office Franco-Québecois pour la Jeunesse), accompagnant des groupes de canadiens francophones durant leur séjour chez nous. Depuis je n’avais plus jamais participé à un voyage organisé, l’expérience était utile pour le financement de mes études, mais je préférais voyager à ma manière et regarder le monde sous un autre angle.

J’avais donc dit, « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». Je me suis repenti… Nous sommes de retour, il y a à peine plus d’une semaine, d’un périple en groupe , en Israël et dans les Territoires Occupés. Un court voyage, dense, intense, fort. Et cette fois en tant que simple participant… De l’autre côté du miroir on voit les choses sous un autre angle. Pas inintéressant sur le plan sociologique, en tout cas.

En tout cas, le fait d’être passé de l’autre côté de l’écran ne m’a pas fait changer de manière de photographier. J’ai bien sûr emmagasiné des images de voyage classiques, mais toujours attiré par l’insolite, l’inattendu, j’ai pu prendre du recul et en décalant du groupe voir l’aventure sous un autre angle.

Israël est un pays occidental ?

C’est un peu l’impression que l’on a lorsqu’on débarque de l’aéroport, direction notre premier hôtel à Tel-Aviv. Impression renforcée le lendemain matin, en montant dans le bus qui va nous transporter durant tout notre voyage, lorsque je découvre le paysage urbain si semblable aux villes européennes du bord de la méditerranée. L’alphabet des publicités et indications routières n’est pas le nôtre, mais à part cela…

Un autre angle : une publicité, une vitrine de magasin, des détails

Et tout de suite, une première interrogation. Que signifie cette affiche lumineuse géante pour une marque de fast-food bien connue ? Est-ce une manière de dénoncer la qualité des produits de cette chaîne de restauration ? De rappeler que la crise du Covid, pas encore complètement effacée, a fortement pénalisé les consommateurs de malbouffe ? Ou encore est-ce une allusion politique au fait que la société israélienne ne permet pas toujours l’expression de certaines minorités ? Pas de polémique, l’objet de notre voyage n’est pas là. La question reste sans réponse.

Un autre angle publicitaire : Mc Do interdit de parole
Un autre angle publicitaire : Mc Do interdit de parole ?

Le bus démarre. Nous parcourons au tout petit matin les rues de la ville. Nous traversons sans voir grand chose le quartier classé par l’Unesco au titre du mouvement Bauhaus, bien défraîchi. Des rues, des voitures, des piétons, des magasins. Peu d’animation, il est trop tôt, les gens partent au travail, comme sans doute ce cycliste saisi dans les reflets de la vitrine d’un magasin de chaussures. Foot Locker, image fugitive mais pas vraie ment typique.

Un autre angle - une vitrine commerciale bien mondialisée
Un autre angle – une vitrine commerciale bien mondialisée, reflet de notre civilisation marchande

Nous le découvrirons au fil de ce voyage, Israël n’est certainement un pays champion en matière d’écologie et de recyclage. Si la façade est bien propre, comme partout des détails signifiants montrent bien que, comme ailleurs, on a tendance à simplement camoufler, à glisser sous le tapis ce dont on veut se débarrasser. Ceci sans aucune allusion aux affaires politiques qui agitent la société israélienne, bien sûr.

Le commerce et ses déchets - comme ailleurs
Le commerce et ses déchets – comme ailleurs. Une affaire qui n’est plus à faire

Mais il y a aussi en Israël, au delà de ces comparaisons avec nos propres travers, de très belles choses, des paysages splendides, des lieux apaisants, des œuvres d’art remarquables. Nous le découvrons au fil du périple, véhiculés par un chauffeur attentif au confort de ses passagers, mais malheureusement pilotés par une guide militante sioniste, imbue d’elle-même, méprisante, et même capable (entre autres événements) d’abandonner sciemment la moitié de son groupe à la sortie d’une visite et de ne pas se préoccuper de son devenir…

Cela nous est arrivé après une visite des vitraux de Marc Chagall à la synagogue de l’hôpital Hadassah de Jérusalem. L’incident s’est bien terminé, les laissés pour compte se sont débrouillés pour retrouver la « guide », et cela n’a pas altéré la satisfaction ressentie en contemplant, pour un temps trop court à mon goût, les magnifiques vitraux consacrés aux 12 tribus d’Israël. Parmi ceux-ci, une œuvre lumineuse, symbolique, mystique, la tribu de Levi. Il fallait en choisir une, toutes sont remarquables.

Jerusalem - Les vitraux de Chagall, la tribu de Levi
Jerusalem – Les vitraux de Chagall, la tribu de Levi

Comme pour les onze autres vitraux de cette synagogue, l’artiste a parsemé son vitrail de symboles liés à la vie du fils de Jacob évoqué dans le verre.

Une approche de la religion en Israël. Mais seulement un début.

Car l’essentiel de notre voyage a été consacré, comme on pouvait s’y attendre, au patrimoine géographique, culturel, monumental, historique et religieux d’Israël.

Avec une surprise de taille, en ce qui me concerne. Avant notre départ, et au regard de la densité du programme annoncé, je m’imaginais Israël comme un vaste pays, où nous aurions bien des trajets à effectuer pour aller de site en site.

Quelle erreur. Les distances sont courtes, les époques se chevauchent, et les monuments s’empilent les uns sur les autres, voire les uns dans les autres, comme au saint Sépulcre. Tout est imbriqué, voire intriqué… Tout est lié, tout vient du même lieu, des mêmes ressources et de la même eau, des mêmes personnes. Pourtant tous ces frères et cousins se sont fait et se font la guerre au titre d’une histoire et d’un livre partagé. Quel non-sens !

La mosaïque religieuse et la ferveur des pratiquants

Nous sommes sur l’Esplanade des Mosquées. Il fait bon, le soleil est déjà haut. Un premier regard sur l’animation religieuse du lieu, avec ce lecteur du Coran paisiblement installé sous un arbre , indifférent à ses concitoyens et aux touristes (nombreux !) tout autour.

Esplanade des mosquées - le Coran
Esplanade des mosquées – un pratiquant musulman lit le Coran en profitant de l’ombre

Plus loin, au Mur des Lamentations, ce sont des juifs qui viennent prier et embrasser les pierres de ce qui reste apparent du Temple de Salomon. Une ferveur beaucoup plus démonstrative, mais la même indifférence à ce qui entoure les croyants.

En prière au mur des lamentations
En prière au mur des lamentations

En un autre endroit de Jérusalem, sous le Mont des Oliviers, le site de Gethsémani est plus spécifiquement chrétien, mais de différentes confessions : catholique, orthodoxe… La ferveur étreint aussi les pèlerins venus découvrir les lieux saints.

Eglise de l'Assomption - Gethsemani - la Vierge Marie
Une croyante orthodoxe se prosterne et pose ses lèvres sur une icône de la Vierge Marie

Au cours de ce voyage, nous avons pu voir, depuis Qasr Al-Yahoud, Béthanie, le lieu où Jean-Baptiste a baptisé le Christ. Certains pèlerins d’un autre groupe, américain en l’occurrence, ont renouvelé leur baptême en se plongeant dans l’eau du Jourdain. Il faut avoir la foi, de mon point de vue, pour se baigner dans une eau bien peu courante. Je ne dois pas être assez croyant : sans regret !

Qasr Al Yahoud - Béthanie - lieu du baptême du Christ
Des pèlerins renouvellent leurs vœux de baptême en se baignant dans le Jourdain

Nettement plus classe, le baptême dans l’Église de la Nativité, à Jérusalem. La maman est ravie, la petite fille bien sage, et les dons à l’occasion de la cérémonie sans doute bien abondants. Il le faut pour ornementer tous ces lieux de dévotion et entretenir les objets et les décors… Surabondants !

Bethlehem - Un baptême orthodoxe
Un baptême orthodoxe, cérémonie rutilante

Trop pour moi, je préfère la simplicité et le dépouillement, bien plus sincères. Un autre angle de vue… Alors sortons du domaine religieux, et partons visiter deux autres lieux patrimoniaux et historiques.

Des lieux de souvenir

L’histoire de la Palestine, avant d’être celle d’Israël, est longue et compliquée. Une visite au Mur Occidental, enrichie par la présentation dynamique d’un guide cette fois souriant et disponible, nous avait présenté l’histoire de l’Esplanade des Mosquées et du Temple de Salomon. A la suite de celle-ci une visite au Musée d’Israël se révèle bien pertinente, quand on peut découvrir la maquette géante du temple dans son environnement. Le gigantisme de ce monument disparu laisse pantois et permet, un peu, de comprendre la nostalgie que ressentent les juifs en évoquant ce passé glorieux.

Ce musée est splendide, en particulier le Sanctuaire du Livre, dont l’architecture m’a emballé . Descendons quelques marches, et dans cet espace impressionnant penchons-nous sur les manuscrits de la Mer Morte, découverts sur le site de Qumran.

L'entrée du Sanctuaire du Livre au musée d'Israël
L’entrée du Sanctuaire du Livre au musée d’Israël

Le sanctuaire est enterré, pour faciliter la conservation des précieux manuscrits. Ils ont traversé les siècles dans des conditions de conservation extraordinaires, leur consultation aux temps modernes requiert une attention toute particulière.

Dans un autre registre, bien plus triste, Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah. Une très belle architecture encore, des expositions saisissantes, des objets évocateurs et des images désespérantes, prégnantes… Même en sachant ce que l’on va voir, on est pris aux tripes. Alors, pour illustrer cet article sous un autre angle, une seule photo, qui unit le jardin et le musée.

Yad Vashem - Institut international pour la mémoire de la Shoah
Vue du musée de Yad Vashem depuis le jardin au travers d’une vitre

On en ressort un peu sonné, d’autant que la foule est très dense à l’intérieur, ce qui rend la visite oppressante. Remontons à la surface, allons prendre l’air.

C’est ce que nous avons fait le dernier jour, avant de reprendre l’avion, fatigués mais heureux, en visitant Jaffa, toute proche de Tel-Aviv

Israël n’est ni occidental, ni moyen-oriental

Israël n’est ni occidental, ni moyen-oriental. C’est à la fois une anomalie politique, un pays en pleine ébullition, un sanctuaire qui vu sous un autre angle devrait rassembler et non séparer. On peut rêver…

La lumière de Jaffa
Jaffa, à l’image d’Israël : une ville moderne en pleine expansion et une activité ancestrale paisible, la pêche

En tout cas, le contraste entre la modernité et l’agressivité d’un côté, et le patrimoine et l’histoire de l’autre, donne à réfléchir. Il faut digérer tout cela, en tirer des leçons permettant de voir notre monde sous un autre angle. Je vais prendre le temps de le faire…

Et peut-être un jour prendrai-je le temps d’étoffer cet article pour en faire un reportage plus complet. A suivre, merci de m’avoir lu !

Street Art ou Art de Rue – épisode 2

Je vous propose de démarrer la seconde partie de cette présentation de l’art de rue à Montréal (street art pour les intimes) par quelques images triviales, mais qui ont le mérite grâce à des artistes anonymes, à des graffeurs inspirés, d’égayer rues et cours de la ville.

Art de rue, art des cours

Ainsi, certaines sites urbains, jardins comme cours ou façades d’immeubles sont « occupés » par des dessins en général gais, qui semblent réalisés au gré des inspiration des habitants, un moyen d’expression personnelle, collective parfois. Un exemple avec cette cour, rue Saint Dominique :

Montreal-2022-34290 Art de rue art de cour
Art de rue, art de cour

On peut, sans en faire un grand éloge, remarquer l’homogénéité de la palette de couleurs. Même la poubelle s’intègre dans ce coin de paysage urbain…

Une autre illustration de cet art de rue, art de cour : un escalier d’immeuble du Plateau, dans une rue toute proche, qui a un caractère nettement plus tonique. Illustration représentative de dizaines d’autres aperçues au hasard de nos balades dans Montréal :

Mais est-ce du street art ou du graff ? A chacun de se faire son idée. En tout cas, ce type de composition compliquée se retrouve sur de nombreux murs, même dans l’hyper centre, comme celle reproduite ci-dessous. L’art de rue tendance art moderne (Basquiat ?), ou pop art, ou BD délirante ou… ?

Un dernier regard sur une cour bien dégagée. C’est l’occasion d’acérer notre regard pour mieux examiner des œuvres plus « sérieuses » (?).

Art de rue et engagement social et politique

De la même manière que sont engagés certains artistes cités dans ce site à l’occasion de l’exposition Hyperréalisme, ceci n’est pas un corps, bon nombre de murales découvertes au fil des pérégrinations dans Montréal ont des intentions militantes.

Commençons par une œuvre de Denial, Black Lives Matter, découverte dans un parking au centre d’un block.

Denial-PR2-35192 Joseph Daniel Bombardier dit "Denial" : Black lives matter
Joseph Daniel Bombardier dit « Denial » : Black lives matter

Œuvre à lire bien sûr en relation avec le meurtre de George Floyd… Notons aussi que tous n’ont pas le respect de l’œuvre. Quoi de mieux que cette murale pour immortaliser sur une si belle et émouvante toile de fond sa splendide voiture : black cars matter !

Denial-34410 Black cars matter
Une si belle voiture… Black cars matter

Autres larmes, celles que fait verser D*Face, encore une fois sur un mur aveugle donnant sur un parking.

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D*Face : Looking back

Explications : « intitulée « Looking Back », cette murale de D*Face reflète la fascination de l’artiste pour la publicité et sa nostalgie de l’époque des signalétiques peintes à la main. Il a ainsi mélangé le côté Pop Art caractéristique de son style avec des lettrages faisant référence à son histoire familiale. Le texte que l’on peut en partie apercevoir en toile de fond se rapporte à l’immigration de ses ancêtres ayant quitté Montréal vers 1915« .

Encore une peinture militante : celle du chilien INTI, qui énonce dans une murale étonnante par son aspect fantastique que la soif de l’or nous laissera sans eau : “La Sed del Oro Nos Dejara Sin Agua”. Une pièce d’art de rue prémonitoire car elle date de 2014 ; elle a été imaginée lors de la lutte de différentes communautés contre un projet de méga-mine qui devait s’implanter dans la province de Huasco (région d’Atacama, projet Pascua Lama). Elle trouve aujourd’hui hors de son contexte d’origine une résonance particulière. L’eau vaut bien plus cher que le pétrole ! Pour l’humanité en tout cas, peut-être n’en est-il pas ainsi pour le capital.

Inti-35194 - Art de rue - La soif de l'or nous laissera sans eau
INTI – La soif de l’or nous laissera sans eau

Toute revendication murale n’est pas nécessairement artistiquement léchée, soignée, et certaines pour ne pas être signées n’en sont pas moins fortes. C’est l’exemple de celle-ci, dont on peut penser qu’il s’agit de la ré-appropriation d’une ancienne peinture pour une cause très politique : la disparition de femmes autochtones, phénomène dont se préoccupe le gouvernement canadien depuis le début des années 2000.

Combat pour les femmes autochtones disparues au Canada

L’art de rue : conclusion poétique et provisoire

Je terminerai cette sélection de murales par une peinture de Seth, artiste français dont le sujet est souvent lié à l’enfance.

Seth-34300-année 2013 - Murale de Montreal : Sans titre
Seth – Murale de Montréal sans titre

Enfonçons-nous dans l’arc en ciel. En espérant que de l’autre côté la lumière soit plus belle et la chaleur plus douce…

Fin de l’épisode canadien, il resterait beaucoup à publier car notre festin a été bien copieux, mais n’allons pas jusqu’à l’indigestion. C’est le moment pour nous de faire une sélection de tirages papier, on rêve mieux devant un beau tableau que devant un écran. N’hésitez pas à nous mettre un mot si vous souhaiter en profiter.

Hyperréalisme, chapitre 2

Le premier chapitre autour de l’exposition Hyperréalisme 2023 au Musée Maillol s’est arrêtée à la quatrième section, telle que proposée par le commissariat de cet événement. Il en reste deux, Réalités difformes et Frontières mouvantes. Avançons dans l’ordre des salles…

Réalités difformes (mais est-ce bien de l’hyperréalisme ?)

Une première œuvre, réalisée par Evan Penny, nous laisse penser que cette partie de l’exposition sera sereine. Troublante, mais sereine.

Et pourtant, ses personnages déformés sont bien dérangeants ! Car selon l’angle selon lequel on les examine, ils apparaissent écrasés, ou étirés, minces ou épais… Leur « volume » nous porte à croire qu’ils ne possèdent que deux dimensions, ce qui met en lumière l’influence profonde des médias numériques et la manipulation des images. C’est une démonstration de notre perception trompeuse de la réalité, et de notre relation ambivalente aux images virtuelles.

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Evan Penny : Self Stretch

Les œuvres d’Evan Penny sont connues pour leur perfection épidermique à l’exactitude presque exagérée. Celle-ci ne déroge pas à cette notion.

Autres déformations, celles que le même Evan Penny fait subir à un visage féminin au départ ordinaire.

En cela, il témoigne de l’altération de l’identité induite, ou tout au moins intensifiée, par les progrès vertigineux de la vie moderne et de ses images.. Lorsque dans les années 1960 l’art emprunte un virage vers le réalisme et la culture populaire, le mouvement débridé et hétéroclite du Pop Art a initié une critique politique et sociale que l’hyperréalisme poursuit aujourd’hui.

Hyperrealisme-Paris-2023-076 - Evan Penny : Panagiota, Conversation #1, Variation 2
Evan Penny – Panagiota : Conversation #1, Variation 2

Dans cette veine, continuons notre visite, et saisissons l’éclosion d’un idéal féminin bien américain, avec la sculpture Chiquita Banana de Mel Ramos… Jailllissement équivoque… A l’instar des autres œuvres de cet artiste, satires des images banales de l’univers publicitaire, cette représentation transforme en accessoire publicitaire le corps érotisé d’une pin-up surgissant d’un produit bien commercial.

N’oublions pas, en considérant la marque Chiquita Banana, que celle-ci est une émanation de la United Fruit Company, symbole de l’impérialisme américain (l’UFC que l’on trouve à l’origine du concept de « république bananière »). L’ironie est ici double, du statut de la femme objet et de la domination américaine sur le sous continent sud américain. Démonstration que l’hyperréalisme peut être un instrument de dénonciation d’une société capitaliste scandaleuse, sans limites.

Hyperrealisme-Paris-2023-073 Mel Ramos : Chiquita Banana
Mel Ramos : Chiquita Banana

Faisons un pas de plus vers l’étrange pour nous intéresser au travail de Tony Mattelli, qui se caractérise par une transposition techniquement parfaite du réel, contredite par un positionnement, une posture qui intriguent, qui dérangent. L’hyperréalisme s’égare vers l’étrange en une contradiction savamment mise en scène.

Hyperrealisme-Paris-2023-083 Tony Matelli : Josh
Tony Matelli : Josh

Encore plus dérangeante est l’œuvre de Berlinde de Bruyckere exposée au Musée Maillol, Elie. La mort et la fugacité inéluctable de nos vies constituent une thématique centrale de son travail. Le corps blessé et torturé présente à la fois des zones clairement définies, exécutées avec une précision chirurgicale, conformément aux canons de l’hyperréalisme, mais aussi des zones qui se fondent dans le flou, l’abstraction. On pourrait y trouver une inspiration chrétienne, pour traiter ainsi de manière douloureuse de la vie, de l’espoir, de la souffrance et de la mort.

Hyperrealisme-Paris-2023-058 Berlinde de Bruyckere : Elie
Berlinde de Bruyckere : Elie

Je me suis senti mal à l’aise devant cette sculpture, qui a généré en mon esprit un sentiment d’angoisse. Pourquoi cet homme au sexe informe n’a-t-il pas de tête ? Pourquoi cette transparence de la peau, quasi-anatomique ? Et que signifient ces taches, sur ce support qui ressemble à un édredon ? Questions sans réponses…

La visite continue par un nouveau dérangement fort, dans cette pénultième section. Une sculpture doublement monstrueuse de Patricia Piccinini… Une créature à première vue humaine, qui lorsqu’on l’examine d’un peu moins loin ressemble à une mutation inquiétante et nous fait basculer dans la tératologie… Inquiétude devant cette hybridation accentuée encore par la présence dans les bras de cette « jeune femme » d’un rejeton phénoménal, difforme, aberrant et grotesque, dont on se demande s’il est adapté à la vie, qu’elle soit animale, humaine, extraordinaire.

Hyperrealisme-Paris-2023-071 Patricia Piccinini : The comforter
Patricia Piccinini : The comforter

Dernière section, Frontières mouvantes

Ouf…

Il faut un petit moment pour digérer tout cela avant d’attaquer la dernière section, disparate et que j’ai trouvé un peu superficielle. J’ai notamment été gêné par le son des installations, surtout celle de Glazer/Kunz, qui relèvent plus de la prouesse multimédia que de l’inspiration artistique. Avis très personnel, bien sûr.

Aussi je terminerai cette visite consacrée à l’hyperréalisme par une œuvre plus tranquille, dont l’aspect bien humain rassure et conforte. Dernière étape avant de retrouver le bon air bien frais et les particules fines des rues de Paris….

Hyperrealisme-Paris-2023-081- Ann O'Neem : Persona
Ann O’Neem : Persona

Je suis plus intéressé par le classicisme en matière artistique. Mais cette fois j’ai pris une vraie claque et suis ressorti à la fois troublé et enthousiasmé de cette exposition, qui j’espère voyagera de nouveau en France ou ailleurs en Europe.

Hyperréalisme, chapitre 1

« Ceci n’est pas un corps »

Ce billet est la restitution d’une visite au Musée Maillol à Paris, lors de l’exposition Hyperréalisme, ceci n’est pas un corps, présentée de septembre 2022 à mars 2023 après une première installation à Lyon.

D’une manière générale, je m’intéresse à l’art, et aime beaucoup parcourir des musées, visiter des expositions. Cette fois, c’est d’art contemporain qu’il s’agit.

L’hyperréalisme est un courant artistique apparu dans les années 1960 aux États-Unis et dont les techniques sont explorées depuis lors par de nombreux artistes.

En utilisant des matériaux modernes autant que des techniques traditionnelles -telles que le modelage, le moulage et l’application polychrome de peinture à la surface des sculptures-, l’hyperréalisme crée des œuvres surprenantes, souvent malséantes, malaisantes, dérangeantes…

Hyperréalisme Paris 2023 - Jamie Salmon : Lily
Jamie Salmon – Lily (détail)

Hyperréalisme : une démarche pleine de sens

Réalité, art ou copie ? Les artistes cherchent à atteindre une représentation si minutieuse des corps que leur apparence plus vraie que nature nous transporte à la frontière du réel. Ils imitent les formes, les contours et les textures du corps humain afin d’en offrir une illusion parfaite.

Mais en y injectant une dimension inquiétante : la représentation esthétique habituellement valorisante est mise à mal par une attention aux détails qui renvoie avec cruauté à nos défauts corporels, à notre déchéance par le vieillissement, à notre impuissance, à notre superficialité, comme celle des nageuses de Carole A. Feuerman. « Beauty is only skin deep »… et la perfection du corps questionne la possible (?) vacuité de la personne là où certains vient au contraire « une parfaite harmonie intérieure » (in Le guide du visiteur 2023).

Hyperrealisme-Carole A. Feuerman : Catalina
Catalina, sculpture de Carol A. Feuerman

Imaginons… et injectons dans ces sculptures de l’IA (de l’intelligence artificielle) comme on injecte du botox pour masquer les vides de la peau, ici le vide de l’esprit. Rendons vivantes ces images parfaites et lacunaires. Faisons les s’exprimer, nous donner leur point de vue sur notre monde. Nous glissons alors dans une spirale cauchemardesque qui pourrait nous faire douter de l’intérêt pour le commun des mortels à vivre dans un monde totalement déshumanisé, . C’est en ce sens que je fais un lien entre Chat GPT et les œuvres qui sont présentées ici et qui m’ont si fortement impressionné.

Une exposition en 6 sections

Le commissariat de l’exposition l’a organisée en six sections, toutes traitant de l’hyperréalisme mais n’ayant pas à mes yeux la même importance. Je vous en présente ici plusieurs, dont j’ai retenu quelques œuvres en fonction de l’émotion (et des questionnements) qu’elles ont provoqué chez moi.

J’ai écarté la première, Répliques humaines, que j’ai jugées comme étant une reproduction de la réalité, comme un splendide travail technique mais sans éveiller autre chose que de l’admiration pour le travail de l’auteur. En ce qui me concerne, cette exposition sur l’hyperréalisme commence à le seconde section, Monochrome

Monochrome

Un peu disparate, j’ai trouvé dans cette partie de l’exposition des œuvres fortes, cela a été le début de mon intérêt pour l’hyperréalisme, et de mon enthousiasme pour cette exposition.

Je vous en présente quelques fractions, sous la forme de détails, car c’est dans ceux-ci que l’interrogation du visiteur est la plus prenante.

Ainsi, deux œuvres en bronze, matériau traditionnel de la sculpture artistique, et en bois m’ont paru s’éloigner dramatiquement des canons antiques ou modernes pour en fin de compte inciter le spectateur à inventer la mythologie qui donne du sens à chacune de ses œuvres, et qui leur est propre.

Hyperrealisme-Paris-2023-Brian Booth Craig : Executioner
Brian Booth Craig : Executioner (détail)

Cette sculpture de Brian Booth Craig, à taille réelle, attire le regard par l’attitude puissante et déterminée de son sujet. Le corps semble idéalisé, mais la facture n’en est pas lisse, et les traces de la fabrication permettent à l’observateur de prendre une certaine distance. Ce sont alors les détails qui intriguent, comme les deux fossettes du bas du dos, et la présence au bras gauche d’un serpent, au droit d’un oiseau. Que signifient-ils ?

Fabien Mérelle s’est lui mis en scène dans une représentation onirique d’un réalisme fantastique, à la jonction de l’art occidental et de la tradition orientale (sans doute issue d’un séjour d’études de quatre mois à Xi’An, en Chine).

Hyperrealisme-Paris-2023-028 - Fabien Mérelle : Merle faucon et tourterelle
Fabien Mérelle – Merle, Mérelle, Faucon et Tourterelle

Morceaux de corps

De cette section de l’exposition, deux artistes m’ont semblé mériter une attention particulière. La première, déjà citée plus haut, est Carole A. Feuerman, avec une seconde œuvre sur la même thématique, le thème de l’eau.

Hyperrealisme-Paris-2023-022 - Carole A. Feuerman : General Twins
Carole A. Feuerman – General’s Twin

Les pièces textiles mettent en évidence la finesse des détails, et notamment l’aspect translucide des gouttes d’eau perlant sur le buste de la nageuse. Une question demeure : que signifient cette pose, cette volonté de ne montrer qu’un fragment de personne, peu compatible avec la notion d’hyperréalisme ?

Une autre question surgit, à propose de cette œuvre de Peter Land, dans laquelle il se met en scène de manière peu flatteuse : où est la part d’humour, où est la part de commisération ?

Hyperrealisme-Paris-2023-005 - Peter Land : Back to Square One
Peter Land – Back to Square One

Jeux de taille

Un autre volet de l’hyperréalisme, qui ouvre de nouveaux horizons : la démesure… Tant dans le sens monumental, que dans la réduction minimaliste. C’est dans la première dimension citée que se sont formés mes étonnements…

Zharko Basheski – Ordinary Man

D’abord avec Zharko Basheski, qui a fait le choix de réaliser cette sculpture sur-dimensionnée, qui lui confère une apparence imprenable, mais de manière paradoxale lui donne un air vulnérable, hésitant et rongé par le doute…

Ensuite, en contemplant l’œuvre de Valter Adam Casotto, Stringiamoci a coorte, qui nous renvoie à notre petitesse et à notre déchéance humaine, le vieillissement… La religion, et ses croyances de résurrection, sera-t-elle notre salut ?

Valter Adam Casotto : Stirngiamoci a coorte
Valter Adam Casotto – Stringiamoci a coorte

Cette même déchéance, en tout cas cette évolution vécue comme telle par beaucoup, une fois traitée par le prisme de l’hyperréalisme m’a ému en contemplant ce couple, uni jusque dans celle-ci :

Hyperrealisme-Paris-2023-054 - Marc Sijan : Embrace
Marc Sijan – Embrace

Dans le cas de cette œuvre, à taille réelle, ce n’est pas la nuit qui tombe, mais la fierté, la dignité, l’amour qui émanent de ce couple enlacé.

Il y a du sens et de l’humanité dans l’hyperréalisme !

A suivre…

Le regard que je vous présente sur cette exposition consacrée à l’hyperréalisme n’a pas vocation à être exhaustif, certes. Mais la richesse de cet événement, qui m’a un peu secoué, est telle qu’un second chapitre me semble nécessaire. Alors, à bientôt !

La nostalgie photographique est aussi un vilain défaut (troisième volet)

Premier appareil, déjà un Pentax

En ce temps là, il y a bien longtemps, venant de terminer mon service militaire, je projetais avec ma solde d’enseigne de vaisseau de réserve, dûment gagnée et épargnée, de faire un voyage lointain pour me changer les idées, avant de me projeter dans « la vie active ».

A noter, l’usure sur le levier de blocage et le déclencheur…

Je ne sais plus par quel biais, sans doute une petite annonce, je rentrais en contact avec un photographe amateur qui souhaitait monter en gamme. Il vendait un Pentax K-x, qui m’a paru en bon état, avec deux objectifs, le 50 mm classique à l’époque, et un 135 mm, déjà moins courant, plus quelques filtres dont j’ignorais totalement l’usage. Je l’ai acheté, sans discuter, et c’est à partir de cet objet que ma nostalgie photographique se déploie.

Premier voyage photographique, l’Égypte

Quelques jours plus tard, sans avoir eu le temps de tester le matériel, je prenais l’avion pour Le Caire, emportant appareil et rouleaux de pellicule. Quelques photos de la capitale, le temps de m’installer dans mon voyage, et je prenais le train, le bus, le taxi, destination le lac Nasser avec le projet de remonter jusqu’à Wadi Halfa si j’en avais la possibilité.

Aujourd’hui je me suis replongé dans les images prises à Louxor. Constatant sans étonnement que je n’avais que peu de photos des splendeurs archéologiques de ce site pourtant remarquable.

Le temple de Karnak, Louxor

Nous sommes en février, en 1978. Il fait froid, le soleil est bas sur l’horizon, les couleurs sont belles. Le site n’est pas mis en valeur, on y pénètre librement. Je me demande si c’est encore le cas en 2023. J’en doute. Je me promène, j’admire, quelques photos, mais je décide de repartir en ville et de revenir une autre fois, ce soir ou demain, pour le son et lumière. De celui-ci aucune photo ne me reste, bien sûr. Ma pellicule la plus sensible était du 400 ASA, et de toute manière mes moyens ne me permettaient pas de sacrifier une pellicule non terminée pour un résultat incertain.

Avant de repartir vers l’hôtel, je me promène le long du Nil, et au bord des canaux qui répartissent l’eau du fleuve vers les champs cultivés. La lumière est belle.

Retour des champs

La campagne égyptienne est vivante. La population se concentre autour des terres arables, et on croise nombre de paysans, des enfants souriants.

La densité du trafic ferroviaire n’est pas telle qu’il soit impossible de jouer sur les rails

Le jour tombe. Tous regagnent leur maison, la circulation sur les berges est intense (selon des critères ruraux, qui n’ont rien à voir avec ceux de nos modernes cités automobilisées). Les véhicules sont de traction animale, mais l’immense majorité circule tout simplement à pied.

Au bord du Nil, cavaliers et lecteurs profitent de la tranquillité vespérale

Sauf quelques minibus circulant sur les routes empoussiérées, qui soulèvent derrière eux un nuage que les rayons du soleil couchant colorent de douces couleurs.

Transport de personnes le long d’un canal d’irrigation

Le lendemain, je visite Louxor. Au delà du centre touristique, qui ne me passionne guère, je découvre la vie locale et la mixité urbaine, loin des clichés touristiques.

Une rue typique, une passante non voilée. L’Égypte était alors tolérante

Au café. On fume le narguilé, on discute. Les commerces sont animés, la circulation des piétons et des vélos fluide. Sans bruit, sans hâte.

Savoir profiter des bons moments.

Peu de voitures. La plupart des rues sont en terre. Les livraisons en centre ville se font en charrette, tirées le plus souvent par des ânes.

La grande pharmacie de Louxor

En s’enfonçant au delà des rue commerçantes, on découvre une autre facette de la ville. Ici, dans un quartier calme et relativement prospère, on remarque une maquette de mosquée accrochée au mur d’un petit immeuble.

Naïveté colorée, un peu de fantaisie

A ce moment, quelque chose me frappe : l’absence d’affiches, de publicités, de panneaux directionnels… La rue est propre, et le regard n’est pas agressé par des injonctions commerciales ou circulatoires. C’est déroutant et bien plaisant à la fois.

En allant encore un peu plus loin, on rejoint les faubourgs moins bien tenus. Les constructions sont basses, peu entretenues. La rue est plus sale, pas d’égouts, ou de caniveaux, les eaux usées sont jetées sur la chaussée.

Continuant mon tour, en arrivant à la lisière de la ville, on découvre un habitat plus rural, mi-fermes mi-maisons. Bêtes et humains partagent les mêmes espaces. Les femmes sont voilées.

Les murs sont couverts de dessins et d’écriture, dont je ne connais pas le sens

Cela fait plusieurs heures que je déambule. Il est temps de revenir vers le centre. Je croise un cavalier souriant, probablement un notable, qui prend la pose et me demande de faire une photo. Je déclenche. Il me remercie d’un hochement de la tête et repart. Jamais il ne verra l’image saisie. Étonnant…

Le manteau, une bonne idée quand le soir tombe. Il fait frais

Je repasse par le bord du Nil pour regagner mon hôtel. Sur le quai, des bateaux accostés sont déchargés. Adultes et enfants travaillent, pieds nus, courbés sous le poids des colis. Je suis un touriste occidental bien portant et nanti au regard de bien d’autres. Pour ceux-ci , la vie est dure, elle sera sans doute courte.

Un père et ses deux fils déchargent une cargaison. Contraste avec l’hôtel moderne et bien tenu

Le lendemain, je reprends la route vers le sud. Le bus brinquebalant s’arrête à plusieurs endroits, pour accueillir de nouveaux passagers. J’en profite pour une dernière photo, des vestiges archéologiques au milieu des champs, des statues impressionnantes qui veillent sur la plaine.

Que contemplent ces dieux ?

Je poursuis mon voyage. Content d’avoir pu visiter les temples, heureux d’avoir découvert un autre mode de vie. C’est cela que je préfère dans le voyage. Déjà en Afghanistan, un an plus tôt, j’avais compris que la découverte humaine était le véritable sens. Et pour cela il faut savoir prendre le temps. Je le prendrai.

Street Art ou Art de Rue – épisode 1

Les murales de Montréal, l’art dans la cité

N’étant pas un spécialiste de l’art urbain, street art pour les intimes, j’ai eu besoin au moment de rédiger cet article de me documenter sur cette nouvelle discipline. La source première de ce propos introductif est un livre d’Olivier Landes, Street Art Contexte(s), publié chez Gallimard dans la collection Alternatives.

Je le cite : « Le développement du street art est assurément l’un des phénomènes majeurs de l’histoire récente de l’art contemporain. Il est ancré dans son temps, spontané, photographique et viral. (…) Son succès s’explique également par son caractère hybride : il conjugue l’univers de la rue avec celui de l’art (street + art), originellement éloignés. Les œuvres urbaines ouvrent des fenêtres poétiques dans des villes prosaïques. »

Une fenêtre poétique dans une ville prosaïque – Artiste Millo

Olivier Landes poursuit : « Alors que, dans les lieux habituels d’exposition, l’œuvre est montrée pour elle-même, dans un environnement volontairement neutralisé pour donner toute la place à l’art, l’œuvre d’art urbain, elle, jouit d’une mise en contexte systématique. Et lorsque le site est spectaculaire ou que la mise en contexte est parfaitement pensée, elle prend alors une toute autre dimension (…). »

Voyons cela de près…

Le Street Art, une appropriation de la ville

Commençons par l’enfant du pays, Leonard Cohen. Un héros, un héraut montréalais. Dont le portrait quasi photographique orne le pignon d’un des grattes-ciels du centre ville. Visible, comme le nez au milieu de la figure, du Mont Royal ! Vous voulez vérifier ? Revenez alors à l’article précédent, « Montréal, une ville française ? » pour vérifier mes dires, et examinez la première photo…

Murale d’El Mac et Gene Pendon – Leonard Cohen, héraut montréalais

Leonard Cohen, personnage singulier. Humaniste cérébral et tourmenté, mystique aux multiples égéries, amies et amoureuses… Grand dépressif devant l’Eternel, comme a su le traduire le street artist Kevin Ledo. Mais quel personnage, quel poète !

Je déteste les jours où je n’aime plus rien (Leonard Cohen)

Mais revenons-en aux citations des premières lignes de cet article, un peu plus haut. Avec un exemple, je voudrais illustrer la manière dont l’angle de vue change la perception de l’œuvre. Commençons par remonter le boulevard Saint Laurent, et admirons depuis la chaussée le travail de Shepard Fairey.

Vue depuis le boulevard – Shepard Fairey est aussi connu sous le pseudonyme de Obey

Maintenant, passons par l’arrière d’un bloc urbain dans une rue transversale proche, et recherchons le regard direct de cette femme. Que comprendre de cette intrication d’images et de lignes ? Pour moi, la question reste en suspens. Même si une conclusion s’impose : il est difficile de séparer la murale de son environnement.

Le message de cette murale gallinacée est politique. Nous y reviendrons

Les murales sont partout. Et même, certains artistes tentent la transformation de la façade d’un immeuble en une fresque géométrique. Personnellement je n’adhère pas, est-ce vraiment du street art ? Mais à chacun de se faire un avis…

Michelle Hoogveld est une street artist spécialiste des juxtapositions de formes et de couleurs

Une chose est en tout cas certaine, les fresques sont partout dans la ville, et seuls les nouveaux arrivants, les touristes s’arrêtent pour les contempler, les montréalais les ont totalement intégrées dans leur cadre de vie.

Artiste inconnu – n’hésitez pas à me faire part de vos suggestions

C’est le décor dans lequel s’installe la vie. On marche, on s’assied, on prend le soleil, on téléphone…

De nouveau, artiste inconnu

Mais, comme en France, et cela m’attriste alors que d’autres acceptent volontiers ces transformations, ces œuvres (le street art en produit de superbes) sont parfois taggées par des sous-artistes qui les dénaturent au point de leur faire perdre leur équilibre esthétique. Cela aussi, c’est la vie…

Montreal-2022-34243-Street Art et tags
Street art et tags ne font pas toujours bon ménage….

Toutes ces œuvres n’ont pas pignon sur rue. Parfois c’est pignon sur ruelle ou courette ! Il devient alors difficile de prendre suffisamment de recul pour admirer le tableau dans son ensemble. Comme dans le cas de cette murale de Jeremy Shantz.

Condamné à disparaître lors de la reconstruction de l’immeuble démoli ?

Arrêtons cette première séquence consacrée à l’art mural de Montréal avec une œuvre un peu inquiétante. Dans la cour d’un immeuble industriel logé dans une rue peu fréquentée, on aimerait comprendre cette fresque sans couleur, mais non sans dimension. Roa est un spécialiste des rats géants, il décrit sa démarche comme une thérapie. Je veux bien le croire.

Murale de Roa, sans légende

La seconde partie de ce article est programmée pour bientôt ou un peu plus tard… Restez en ligne !

Nouvelle année. C’est 2023 !

Un court billet à l’occasion de l’arrivée de 2023…

Ce matin, il fait beau et doux. Nous sommes le 7 janvier. Une promenade matinale bien agréable. Trop agréable. Cheminer ainsi sans manteau, réchauffé par un soleil rasant qui colore de tonalités chaleureuses une végétation dont les premiers bourgeons tentent une timide sortie, bien aventureuse, cheminer ainsi n’est pas de saison !

Mais ne cédons pas aujourd’hui à l’éco-anxiété, savourons plutôt ces teintes magnifiques qui dès l’aurore ont habillé le ciel et la terre. Et prenons la route de 2023 en respirant les vrais parfums de la terre, ceux de la nature en ce qu’elle a encore de sincère et de réel.

Tout à l’heure, demain, tout au long de cette année, nous serons noyés de nouvelles noires, de menaces, de crises, de négativités sans cesse renouvelées. Autant de bonnes raisons pour goûter cet instant, ce moment de répit, tout en restant attentifs à ce qui nous entoure, à notre environnement. Ne nous centrons pas sur nous-mêmes ! Ainsi nous pourrons construire les quelques actions, effectuer les gestes simples qui demeurent à notre portée pour ne pas contribuer à l’aggravation de notre monde.

Giacometti, tableau de Bonnard – Fondation Maeght juillet 2022

Oui, restons attentifs à l’air du temps, sachons profiter lucidement des bons moments sans céder au catastrophisme ambiant, ni à une euphorie hors de propos en cette époque incertaine.

Meilleurs vœux à tous !

La nostalgie est un vilain défaut (seconde partie)

Sorties de route

Confinés à l’intérieur par une pluie continue, c’est le moment de publier une suite au premier article de ce site consacré à l’obsolescence des choses, à leur disparition inéluctablement programmée, car tout a une fin…

Cette fois-ci, c’est au transport que sera consacrée cette publication. Plus précisément au transport mécanique, dont la force motrice est généralement fournie par une énergie qui devient rare, le pétrole.

Commençons par la source de celui-ci, pour les véhicules qui nous intéresseront dans la suite de cette parution. Voici le point de départ, pas très moderne, pas plus fonctionnel aujourd’hui que ceux qu’il alimentait. Au début était la pompe à essence…

Mémoire de l’époque où les distributeurs de carburant faisaient le mur

Nous sommes dans l’immédiat après-guerre. Les moyens de transport étaient bien plus rustiques que nos modernes engins. Et notamment les utilitaires, qui pour certains démarraient encore avec la manivelle, actionnée par des bras vigoureux.

Dans la cour d’une ancienne scierie, à Claix en Isère

Au hasard des promenades en campagne, on rencontre parfois des voitures, des camions… abandonnés, habités seulement par de la végétation ou par des petits animaux. Si ces objets paraissent en photo d’un intérêt graphique, ils n’en sont pas moins des pollutions… Tant qu’ils n’ont pas été digérés par le temps. Cela viendra, un jour.

Installons-nous au volant,

Balade au flanc du Vercors

Enclenchons la première vitesse,

Vercors encore

Nous pouvons démarrer et continuer cette visite, en comptant sur la robustesse de ces moteurs solides, lourds, fidèles bien que souvent capricieux.

Engin de travaux publics, Hautes-Alpes

Sur ces chemins cahoteux, nous avançons fort secoués. Regrettant de ne pas disposer d’un de ces bolides qu’admirent les spectateurs du Paris-Dakar, comme ces fabuleux buggies.

La Claix des champs, avec un tel outil !

Mais restons raisonnables, nous n’avons pas les moyens d’un tel bijou. Alors, modestement, rabattons-nous sur une classique berline rurale, dans laquelle on peut entasser enfants, légumes du jardin pour les vendre au marché, et bien sûr, comme tous à la campagne à cette époque, le (ou les) chien(s).

Peugeot 203 commerciale, circa 1955, Félines sur Rimandoule

Il aurait aussi été possible d’opter pour la version familiale, le coffre est suffisamment vaste pour un usage au quotidien. Autre avantage, la banquette arrière en skaï bien glissante et sans séparation, très appréciée dans les virages serrés. Appréciée des très jeunes, moins des adultes !

Celle-ci finit ses jours à Allex, dans la Drôme

Mais le manque de moyens peut aussi conduire à un choix plus simple. Une autre utilitaire de cette époque était la 2 CV, rustique et efficace, mais bien peu confortable lorsqu’on chargeait plus de 6 ou 7 passagers. Ah, les maudits tubes de la « banquette » arrière ! C’est plus souvent cette version basique que l’on croisait sur les routes des provinces profondes, telle la Champagne de mon enfance. Ou encore la version fourgonnette, appréciée des agriculteurs et maraîchers, reine des chemins boueux ou enneigés sur lesquels on circulait à cette époque.

Bien à l’abri à Bourdeaux !

Un autre modèle iconique, on en voit encore sur les routes, était l’Estafette Renault, légèrement plus tardive. Un autre grand plaisir, celui de se coincer les doigts dans la porte latérale, qui se débloquait brutalement après de longs efforts !

Dans la Drôme, toujours à Allex

Pour transporter encore plus, il était possible de se tourner vers le Peugeot D3, au museau proéminent en raison d’un radiateur encombrant.

Peugeot D3 en villégiature bourdeloise

Un peu plus tard vint le Peugeot J7, qui fit l’objet de multiples usages et déclinaisons. Celui-ci a été transformé en pizzeria ambulante.

La pizzeria de Félines, sur une place arborée

Si on ne cherchait pas un usage mixte, ou professionnel, on pouvait alors trouver sur le marché automobile des voitures plus petites, telles la SIMCA Aronde, largement répandue.

Une hirondelle au repos. Allex toujours.

Avant de clôturer cette promenade nostalgique, faisons un détour vers les deux roues et un pays étranger, en l’honneur de la COP 27 qui a débuté il y a quelques jours. Elle se déroule en Egypte, à Charm el-Cheikh. Voici une moto bien anglaise, au détour d’une rue du Caire.

BSA, a priori une M21 600 cc (Le Caire)

Les anglaises avaient la réputation de perdre leur huile sur les trottoirs, et aux feux rouges. Apparemment ce n’est pas le cas de celle-ci. Mais dans l’éventualité où le carter se serait fendu, il aurait été utile de faire appel aux secours. Comptons sur les équipements modernes de nos pompiers pour d’un jet puissant nettoyer la chaussée.

Le Hohwald, en 2009

C’est ainsi. La nostalgie est un vilain défaut, mais il faut aussi savoir se faire plaisir et sourire de nos souvenirs.

Montréal, une ville française ?

Une visite au Canada, introduction

Il existe bien en France des villes dénommées Montréal, mais elle ne sont pas comparables en taille et en notoriété avec la métropole canadienne (québecoise, plus précisément), où la langue française reste la langue la plus pratiquée. Peut-être plus pour très longtemps…

Montréal est en fait une ville américaine, où (presque) tout le monde parle français.

Au-delà de cet avantage linguistique pour les touristes que nous étions dans le cadre d’une visite familiale, Montréal est une ville accueillante, où nous nous sommes immédiatement sentis à l’aise, confortables, en sécurité.

La ville et son fleuve (Montréal est bâti sur une île du Saint Laurent) – notez la gigantesque fresque murale portrait de Leonard Cohen

Notre séjour s’est déroulé fin septembre, début octobre. L’été indien est pour bientôt, mais aujourd’hui nous pérégrinons dans la ville, et notre première visite est pour le Mont Royal, tout naturellement…

Cette éminence domine et contemple la ville. Les règles d’urbanisme locales, par décret du gouvernement du Québec promulgué en 2005, font qu’aucune construction ne pourra s’élever au dessus du sommet de la colline, qui culmine modestement à 234 mètres. Ce qui pour un building moderne n’est pas grand chose (pour comparaison : le plus haut building du Canada est la tour CN à Toronto, 147 étages et 447 mètres, presque le double).

La ville est un mélange étonnant d’ancien et de moderne. Si cela se retrouve dans l’habitat, c’est tout aussi vrai pour les immeubles de bureau, comme nous le découvrons au hasard des rues que nous parcourons à pied.

La juxtaposition de constructions de différents styles et époques est surprenante !

Mais n’oublions pas les églises et les autres édifices à caractère religieux. Montréal, autrefois dite la Rome d’Amérique, compte en 2011 plus de 600 lieux de culte, souvent catholiques romains, majoritairement chrétiens, mais aussi judaïques, islamiques, bouddhiques, parmi d’autres.

Église catholique représentative du style néoclassique

Ces édifices sont soutenus par le Conseil du patrimoine religieux du Québec, lorsqu’ils ont été construits avant 1945.

Étrange, avec son quasi-minaret…

Nous pouvons sourire, gens de l’ancien monde (?) monde, de cette intention de protection compte-tenu de la richesse patrimoniale de notre vieille Europe. Mais soyons humbles, tout est relatif et ce qui importe avant tout est d’inscrire dans le paysage une histoire commune qui forge une identité collective.

Bâtiment religieux inséré dans la cité : noter la fresque (une murale, en québecois)

Cette culture religieuse se double d’un autre culte, celui des « murales« , œuvres d’art exécutées sur un mur d’immeuble, d’un caractère permanent (dans la mesure où la rénovation de la ville ne détruit pas le support lors d’une opération de démolition/reconstruction) ou temporaire. La cohabitation de ces caractères urbains se fait sans heurts, comme en témoigne l’image ci-dessus. Je reviendrai plus tard sur ces impressionnantes peintures, dont la beauté et la puissance sont souvent remarquables. On n’en trouve pas qu’à Montréal, certes, mais leur profusion ici donne un caractère tout particulier à la cité.

Au sommet d’un entrepôt, boulevard Saint Laurent

Un autre type de patrimoine est constitué d’anciens bâtiments et/ou installations industrielles. Si certains vestiges sont discrets, comme celui-ci situé au sommet d’un immeuble caractéristique mais d’un type assez commun dans la ville (un ancien entrepôt), d’autres sont en revanche des monuments en eux-seuls, comme cet ancien silo au bord du canal de Lachine.

Silo à grains, rénové, au bord du canal de Lachine

La présentation qui suit, en italique, est empruntée à Wikipedia.

Le canal de Lachine est un canal traversant la section sud-ouest de l’île de Montréal entre le lac Saint-Louis et le Vieux Port. Nommé d’après l’arrondissement de Lachine, il permet d’éviter les rapides du même nom sur le fleuve Saint-Laurent. Ouvert en 1825, agrandi deux fois au XIXe siècle, il a joué un rôle important dans le développement industriel du Canada et de Montréal. Il est fermé à la navigation commerciale depuis 1970, remplacé par la voie maritime du Saint-Laurent.

Le canal est désigné lieu historique national du Canada en 1929. Une piste cyclable et pédestre longe ses berges depuis 1977 et après trente années d’inactivité il est rouvert à la navigation de plaisance en 2002.

L’écluse d’accès au canal, à la jonction avec le Vieux Port

A proximité, dans le Vieux Montréal, le Marché Bonsecours témoigne lui aussi du développement économique de Montréal le long du fleuve Saint Laurent et du canal.

Le fameux dôme du Marché Bonsecours, emblème de la ville

Enfin, il est difficile de parler de Montréal sans évoquer le Saint Laurent, la grande artère fondatrice de la ville, et notamment le pont Jacques-Cartier qui l’enjambe. Nous le voyons ici depuis le Vieux Port.

Le pont Jacques-Cartier et la seconde grande-roue de Montréal

Un dernier coup d’œil, de l’autre côté du bras du fleuve qui nous sépare de l’Île Sainte-Hélène, où on aperçoit la Biosphère, attraction montréalaise connue de tous, avant de refermer le premier chapitre de ce voyage au Québec.

L’Île sainte-Hélène et le sommet de la Biosphère, sur l’autre rive

C’est tout pour aujourd’hui. A suivre, bientôt, un article sur le street art et les murales de Montréal