Chez Bonnet…

Monsieur Bonnet a existé. Il était ouvrier agricole. Célibataire sans doute, mais l’histoire ne le précise pas. Il habitait dans une cour de ferme, dans une masure sans eau, sans électricité, avec une simple cheminée en guise de cuisinière et de chauffage.

Son domicile a été ouvert à la visite. C’était ce week-end, 17 et 18 septembre 2022, les Journées du Patrimoine. Poussons la porte, et en faisant attention tant aux obstacles à terre qu’aux outils et autres objets accrochés à hauteur de nos cheveux, saisissons l’esprit des lieux. Par l’image…

La cour

On parvient chez Monsieur Bonnet par un plan incliné, à droite sur cette image. Contre le mur de la grange en pisé, à gauche de la descente des eaux pluviales, subsiste le support en bois de la pompe à main qui alimentait le logement.

Le placard

Peu de vêtements, peu de biens. Le seul espace de rangement est un placard mural, pour l’ouvrir il a fallu nettoyer les abords.

La pince

Sur ce placard, une pince. Bizarre. A quoi servait-elle ? A accrocher des notes, des instructions ? Le locataire de ces lieux savait-il lire ? Et puis, est-elle d’époque ? Cela n’est pas sûr.

Il fut un temps où l’électricité illuminait cet endroit.

D’autant moins sûr que Monsieur Bonnet n’avait pas l’électricité, nous le savons. Or, un système d’éclairage que nous ne pourrons qualifier de moderne a été installé dans la salle. Fort heureusement, plus rien n’est branché, c’est rassurant compte tenu de la vétusté de l’ensemble.

Mais alors, à quelle époque vivait Monsieur Bonnet ? Une plaque de concours agricole sur la cheminée pourrait peut-être nous aider, examinons-la.

Second prix au concours d’instrumens (sic) à main de 1859

Monsieur Bonnet était donc un bon ouvrier. Capable de réaliser des instruments agricoles à main, semble-t-il. Il aurait donc vécu au mitan du XIX ème siècle.

Les rideaux de la porte d’entrée

Un regard en arrière pour s’assurer que son fantôme ne se penche pas au dessus de notre épaule. Non tout va bien, le jour luit dehors, malgré le filtre des voilages. Reprenons notre exploration et regardons au plafond…

Décor arachnéen, pièce numéro 1

Et là, surprise, nous pouvons contempler des œuvres d’art, réalisées par les chasseuses d’insectes, appelées à régner dans cet endroit abandonné. La sciure relâchée par les poutres et le plancher auxquels elles sont accrochées leur donne une densité et une couleur inhabituelles. En voici une, en voici deux, trois…

Décor arachnéen, pièce numéro 2

Quant aux formes ! Elles sont étonnantes, variées. Plates ou rondes, lisses ou trouées, pleines ou comme en dentelles…

Décor arachnéen, pièce numéro 3

Elles ne datent sans doute pas de l’époque de Monsieur Bonnet, mais elles portent quand même le poids des ans. Quels sont les auteurs de ces œuvres ? Partons à leur recherche…

L’autre fenêtre

Une investigation un peu poussée confirme nos soupçons. A l’avenant du reste des lieux, une fenêtre habillée de tissu grossier nous présente une solution. En nous approchant, nous commençons à y voir clair, si l’on peut dire ainsi dans cette semi-obscurité.

Une des coupables

Une des membres de cette bande d’assassin, pas plus vivante que ses victimes, nous donne la réponse. Et celle-ci est simple. Les araignées ! Monsieur Bonnet n’était pas, sauf preuve du contraire, une fée du logis et ses successeurs n’ont pas été plus versés dans la bonne tenue d’un ménage. On a dû voir en ces lieux plus souvent de la tête de veau qu’une tête de loup. Lui-même était peut-être une tête de mule…

Ce fut ainsi une visite hors norme, publiée à l’occasion des journées du patrimoine 2022 !