Au-delà de sa fonction de loisir, ou de recherche personnelle, la photographie peut être un outil d’illustration d’un dossier administratif. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut rester strictement documentaire, avec des images purement descriptives. En effet, il arrive qu’il soit possible de combiner efficacité iconographique et plaisir, tant à la prise de vue qu’au développement.
Projet du jour, quelque part en Rhône-Alpes : établir le bilan patrimonial imagé d’un site remarquable. Commençons par poser le cadre…
La vue est ici prise en surplomb, au moment du repérage initial. Cette étape permet de prendre connaissance de l’organisation des lieux, et de repérer les aspects patrimoniaux les plus marquants.
Une fois cela fait, retour au bercail pour le lendemain revenir sur site avec la personne chargée de me faire découvrir cet ensemble architectural. On accède à la ferme par le chemin de terre visible juste au dessus des toitures.
Ce matin il fait très froid, nous sommes en janvier. La lumière est bien différente de celle de la veille, mais cela n’aura pas d’incidence sur les prises de vue. Si ce n’est qu’il est toujours difficile avec les doigts gourds de manipuler les réglages et le déclencheur de son boîtier (un Pentax K3-II, parfait pour ce type de tâche).
Certains seront tentés de passer la mise en situation, de ne pas décrire l’environnement du lieu. Mais ce serait d’autant plus dommage qu’il est bien esthétique, dans la brume légère de ce jour d’hiver.
Les photos de l’extérieur peuvent être faites avec un zoom (en l’occurrence l’excellent 16-85 mm, Pentax encore et toujours).
Maintenant il va falloir mettre en évidence à la fois les aspects positifs du bâtiment (dont la toiture, entièrement refaite) et l’état d’abandon des locaux. C’est le cahier des charges qui a été proposé et accepté. Le travail commence par les anciens bâtiments agricoles.
Dans un premier temps, le zoom standard remplit parfaitement son rôle, et permet de mettre en évidence le bon état des salles, alors qu’elles n’ont pas été utilisées depuis bien des années. L’association qui utilisait les lieux a fait un remarquable travail d’entretien courant et de nettoyage.
Mais les choses se compliquent lorsqu’il s’agit d’illustrer les lieux de grand volume, sans disposer d’un recul suffisant. Le grand angle devient alors indispensable. Exemple, le cas de cette salle splendide qui combinait une bergerie et un fenil dont le plancher a aujourd’hui disparu :
Il faut donc en passer par un traitement logiciel. Ici c’est Lightroom CC d’Adobe qui a été utilisé :
Petite difficulté, si l’allure générale (et la beauté !) de cette salle est bien rendue, si les perspectives sont bien redressées, il n’est pas certain que les proportions soient bien réalistes.
La même difficulté apparaît dans les pièces d’habitation. La première image est « brute de capteur », la seconde est corrigée par le logiciel :
Il est bien difficile de dire laquelle des photos est la plus conforme à la réalité. En fait, il s’agit de deux interprétations différentes. La première représente mieux les volumes, la seconde corrige les formes, mais en donnant l’impression d’une surface bien plus importante que la perception lors de la prise de vue.
En étant prudent, car les planchers sont dangereux, il est possible d’accéder à l’étage. Ceci permet de mettre en évidence le mauvais état de certaines parties, quasiment inaccessibles en raison de la vétusté.
Le soleil a enfin fait son apparition, la lumière change, les ombres sont un peu plus marquées.
Il reste encore à décrire l’architecture d’ensemble de la ferme de manière plus précise. Retour vers le point d’observation utilisé hier à la recherche d’une fenêtre de prise de vue. Recherche bien difficile, car même si les arbres sont nus, les branchages perturbent la mise au point. Enfin une solution est trouvée, mais il convient quand même d’éliminer les éléments perturbateurs en bas de l’image. Là encore le recours au logiciel s’avère efficace…
Cette séance photographique s’est faite en deux séquences. Le temps passé sur site a été largement inférieur au temps derrière l’écran. Cela n’en reste pas moins un vrai plaisir, celui de « créer » l’image que l’on recherche, expressive autant que documentaire. Parfois en allant au delà du réel, comme cette dernière photo, volontairement poussée comme une forme de dramatisation. C’était un peu l’esprit du lieu à ce moment là…