En vacances à La Réunion dans un contexte de visite familiale, nous avons eu le loisir de pratiquer (à notre modeste niveau) la randonnée dans quelques uns des plus beaux cadres possibles, et en particulier en traversant le cirque de Mafate.
Une première observation, un dimanche ensoleillé, a permis de faire connaissance avec la topographie surprenante, tourmentée, de ce lieu magique que quelques jours plus tard nous allions traverser.
Mais à La Réunion, début octobre, la météo est fort variable. Et si nous avons quitté la côte ouest par un temps bien plaisant, l’arrivée au Col des Bœufs ne nous a pas donné l’occasion de contempler la classique carte postale : ciel dégagé, couleurs éclatantes de la végétation, température estivale (selon nos critères métropolitains)…
Qu’importe, cela sera l’occasion de réaliser des images moins classiques, et de mettre en valeur des formes parfois fantastiques sans qu’elles soient écrasées par une lumière trop vive.
Nous nous engageons sur le sentier qui descend par une pente raide vers les hameaux du cirque. Il reste encore un coin de ciel bleu…
Très rapidement, nous plongeons dans un autre univers. Nos yeux, notre esprit, sont accaparés par la végétation étonnante qui se dégage de la brume à chaque pas que nous faisons. Nos pieds foulent un sol souple, quand ils s’écartent des lames de bois disposés pour faciliter la marche.
La végétation se transforme. Surprenante pour un randonneur européen, elle témoigne de l’humidité de ces lieux, de la moiteur du climat du centre de l’île.
Nous quittons le relief, pour continuer notre chemin sur un sol bien stable. Il n’y a pas d’horizon, la végétation est partout. Pas très haute, mais dense. Sur un sentier aussi facile nous pouvons laisser nos sens errer et notre imagination développer des rêves éveillés.
Et nous arrivons ainsi au premier hameau, La Nouvelle. Nous n’avons toujours pas vu Mafate sous le soleil. Il ne brille que par son absence…
Nous pouvons réaliser à quel point l’éloignement de la ville et les difficultés d’accès modèlent l’habitat et l’organisation sociale d’une manière plus générale. Même si depuis quelques années le transport sous hélicoptère s’est développé, la sobriété est la règle de fonctionnement de la communauté.
Nous reprenons notre chemin. La végétation est luxuriante. L’eau est partout, nous traversons plusieurs torrents, à pied presque sec ou sur des passerelles bien aménagées. Des cascades ruissellent d’une eau fraîche et claire.
Nous hâtons le pas. Le jour tombe et il nous faut arriver avant la nuit à Marla, le hameau où nous devons loger. Il commence à pleuvoir, la température descend. Nous enfilons nos vestes imperméables. La fin de cette journée se fait à la frontale, sur un sol devenu glissant avec la pluie. Heureusement, le gîte Trois Couleurs est confortable, un bon repas nous remet à peu près d’aplomb, après une douche bien froide. L’inconvénient de l’énergie solaire ! Les autres randonneurs sont arrivés bien avant nous, et ce n’est pas la lueur de la lune qui va nous permettre de disposer d’eau chaude au réveil.
Nous repartons le lendemain matin, toujours sous les nuages, pour rejoindre Cilaos via le Col du Taïbit.
La montée vers le Taîbit se fait sous les nuées, mais il ne pleut plus, et la température est redevenue clémente. Elle est même bien agréable, confortable. Et les paysages qui se dévoilent à nous au détour du chemin sont toujours aussi beaux.
Nous arrivons au col. Une courte pause, et nous commençons la descente dans la brume, le paysage devient vraiment féérique.
Et puis, alors que nous cheminons entourés d’arbres étranges, nous apercevons une timide lueur bleue au dessus de nos têtes. Bientôt, dans la plaine, le soleil nous rejoindra.
Nous arrivons à la tisanerie. Endroit surprenant, qu’on nous avait vanté (méfiez-vous des guides touristiques !) et qui se révèle un peu décevant. Pour autant cette pause nous permet de visiter un jardin tout en couleurs bien locales, nettement plus vives que le feuillage que nous avons pu admirer depuis deux jours.
Encore quelques lacets en descente, nous sommes arrivés. Notre périple se termine à Cilaos, belle bourgade où nous flânons. Retour à la civilisation mais toujours avec une pointe d’exotisme, qu’il est possible d’illustrer par la couleur de certaines cases anciennes.
Quelle belle île ! La longueur et la pénibilité de notre voyage sont bien loin, effacées par la richesse de notre séjour, par la beauté des paysages et par la gentillesse et la tolérance des réunionnais.