La nostalgie est un vilain défaut (seconde partie)

Sorties de route

Confinés à l’intérieur par une pluie continue, c’est le moment de publier une suite au premier article de ce site consacré à l’obsolescence des choses, à leur disparition inéluctablement programmée, car tout a une fin…

Cette fois-ci, c’est au transport que sera consacrée cette publication. Plus précisément au transport mécanique, dont la force motrice est généralement fournie par une énergie qui devient rare, le pétrole.

Commençons par la source de celui-ci, pour les véhicules qui nous intéresseront dans la suite de cette parution. Voici le point de départ, pas très moderne, pas plus fonctionnel aujourd’hui que ceux qu’il alimentait. Au début était la pompe à essence…

Mémoire de l’époque où les distributeurs de carburant faisaient le mur

Nous sommes dans l’immédiat après-guerre. Les moyens de transport étaient bien plus rustiques que nos modernes engins. Et notamment les utilitaires, qui pour certains démarraient encore avec la manivelle, actionnée par des bras vigoureux.

Dans la cour d’une ancienne scierie, à Claix en Isère

Au hasard des promenades en campagne, on rencontre parfois des voitures, des camions… abandonnés, habités seulement par de la végétation ou par des petits animaux. Si ces objets paraissent en photo d’un intérêt graphique, ils n’en sont pas moins des pollutions… Tant qu’ils n’ont pas été digérés par le temps. Cela viendra, un jour.

Installons-nous au volant,

Balade au flanc du Vercors

Enclenchons la première vitesse,

Vercors encore

Nous pouvons démarrer et continuer cette visite, en comptant sur la robustesse de ces moteurs solides, lourds, fidèles bien que souvent capricieux.

Engin de travaux publics, Hautes-Alpes

Sur ces chemins cahoteux, nous avançons fort secoués. Regrettant de ne pas disposer d’un de ces bolides qu’admirent les spectateurs du Paris-Dakar, comme ces fabuleux buggies.

La Claix des champs, avec un tel outil !

Mais restons raisonnables, nous n’avons pas les moyens d’un tel bijou. Alors, modestement, rabattons-nous sur une classique berline rurale, dans laquelle on peut entasser enfants, légumes du jardin pour les vendre au marché, et bien sûr, comme tous à la campagne à cette époque, le (ou les) chien(s).

Peugeot 203 commerciale, circa 1955, Félines sur Rimandoule

Il aurait aussi été possible d’opter pour la version familiale, le coffre est suffisamment vaste pour un usage au quotidien. Autre avantage, la banquette arrière en skaï bien glissante et sans séparation, très appréciée dans les virages serrés. Appréciée des très jeunes, moins des adultes !

Celle-ci finit ses jours à Allex, dans la Drôme

Mais le manque de moyens peut aussi conduire à un choix plus simple. Une autre utilitaire de cette époque était la 2 CV, rustique et efficace, mais bien peu confortable lorsqu’on chargeait plus de 6 ou 7 passagers. Ah, les maudits tubes de la « banquette » arrière ! C’est plus souvent cette version basique que l’on croisait sur les routes des provinces profondes, telle la Champagne de mon enfance. Ou encore la version fourgonnette, appréciée des agriculteurs et maraîchers, reine des chemins boueux ou enneigés sur lesquels on circulait à cette époque.

Bien à l’abri à Bourdeaux !

Un autre modèle iconique, on en voit encore sur les routes, était l’Estafette Renault, légèrement plus tardive. Un autre grand plaisir, celui de se coincer les doigts dans la porte latérale, qui se débloquait brutalement après de longs efforts !

Dans la Drôme, toujours à Allex

Pour transporter encore plus, il était possible de se tourner vers le Peugeot D3, au museau proéminent en raison d’un radiateur encombrant.

Peugeot D3 en villégiature bourdeloise

Un peu plus tard vint le Peugeot J7, qui fit l’objet de multiples usages et déclinaisons. Celui-ci a été transformé en pizzeria ambulante.

La pizzeria de Félines, sur une place arborée

Si on ne cherchait pas un usage mixte, ou professionnel, on pouvait alors trouver sur le marché automobile des voitures plus petites, telles la SIMCA Aronde, largement répandue.

Une hirondelle au repos. Allex toujours.

Avant de clôturer cette promenade nostalgique, faisons un détour vers les deux roues et un pays étranger, en l’honneur de la COP 27 qui a débuté il y a quelques jours. Elle se déroule en Egypte, à Charm el-Cheikh. Voici une moto bien anglaise, au détour d’une rue du Caire.

BSA, a priori une M21 600 cc (Le Caire)

Les anglaises avaient la réputation de perdre leur huile sur les trottoirs, et aux feux rouges. Apparemment ce n’est pas le cas de celle-ci. Mais dans l’éventualité où le carter se serait fendu, il aurait été utile de faire appel aux secours. Comptons sur les équipements modernes de nos pompiers pour d’un jet puissant nettoyer la chaussée.

Le Hohwald, en 2009

C’est ainsi. La nostalgie est un vilain défaut, mais il faut aussi savoir se faire plaisir et sourire de nos souvenirs.