Exposition Giorgio Morandi au Musée de Grenoble

Une exposition assez étonnante, mais qui a eu au moins un bénéfice : après avoir regardé l’oeuvre exposée de Morandi et pris connaissance de sa vie (qui s’étend de 1890 à 1964, essentiellement vécue à Bologne), j’ai pu me rassurer quant à ma santé mentale et à la qualité de la vie que je mène dans la cité…

Pour plus de détail sur ce personnage singulier, je ne peux que vous renvoyer à la page Wikipedia qui lui est consacrée, tout en soulignant que si « sa vie fut consacrée à son art », elle s’est aussi réduite à cela dans un enfermement psychologique et physique impressionnant…

Autoportrait
D’abord graveur, avec une finesse de trait remarquable, Morandi a ensuite délaissé cette manière pour s’orienter vers la peinture. Jugeait-il le procédé à l’eau forte trop sombre ?

Les années de maturité de Morandi sont peu fertiles en évènements : le peintre mène à Bologne une vie calme et ordonnée, en compagnie de ses trois sœurs, célibataires comme lui, dans l’appartement de la via Fondazza hérité de leurs parents. À partir de 1915 et jusqu’en 1929 Morandi enseigne le dessin dans les écoles élémentaires de Bologne. En 1930 il devient titulaire de la chaire de gravure à l’Académie des beaux-arts de Bologne.

Nature morte métaphysique, 1918

Morandi n’est pas l’homme d’une école, au fil de son œuvre on peut retrouver chez lui l’influence de différents peintres, comme Magritte ou Cézanne.

Vue depuis la fenêtre de son atelier

Mais ce qui (personnellement) étonne le plus, c’est une forme d’enfermement, d’obsession, notamment pour la série des vases en nature morte. En voici quelques exemples, sans autre légende.

Cette répétition l’amène à réduire l’expression à une évocation, l’objet n’est plus représenté, il est deviné dans une brume et doit être interprété, si le tableau est vu hors contexte.

Parcourant les salles, on se lasse (je me lasse) de cette grisaille. Et puis, d’un coup, divine surprise, un jour apparût une touche de couleur :

Et la couleur fut…

Je suis sorti perplexe de cette exposition. Je fais mienne cette citation d’Yves Bonnefoy, qui pose un avis conforme à ce que je traduis de mon parcours de cette exposition : « Oui, Morandi est proche de Mallarmé. Comme celui-ci, on se doute bien qu’il avait la politesse du désespoir, la simplicité de l’extrême solitude, la douceur des négations radicales. »

C’est la dernière salle consacrée à Morandi. A la suite de celle-ci d’autres peintres italiens nous attendent pour une séquence « Italia Moderna ». Là, d’un coup, d’un seul, la violence (relative) de la lumière qu’ils mettent dans leur toile nous saute à la gorge… On se met à respirer, une bouffée d’air chasse l’enfermement qui caractérise à mon sens l’œuvre et la vie de Giorgio Morandi…

Leonardo Cremonini, Le soleil à carreaux

C’était une visite au musée de Grenoble au temps du Covid. Les masques étaient de sortie, espérons que cette époque étouffante (et aussi dérangeante que cette exposition) soit bientôt révolue et que nous puissions respirer aussi librement que nous le souhaitons…

Photos réalisées en RAW le 28 mai 2021 avec un smartphone (Huawei P30), développées avec Lightroom.

Patrimoine : une rénovation

Transformer l’ancien en le respectant

Au cœur de la Viale (viale ou vialle désigne un ancien village perché, le plus souvent enclos de remparts) de Bourdeaux a été réalisée une opération de rénovation du mur d’un jardin suspendu privé. Dans cette zone située dans un périmètre réglementé en raison de la proximité d’une demeure classée le projet a été soumis à l’approbation de l’Architecte des Bâtiments de France, qui l’a approuvé dans les règles de conservation du caractère des lieux historiques qui sont les siennes, tout en acceptant des fonctionnalités nouvelles, comme la création d’une passerelle.

Les images qui suivent permettent d’apprécier la transformation du site. Certes, on pourrait regretter le côté « abandon romantique » de la calade antérieure. On peut aussi se réjouir de la reconquête de l’espace quasi muséographique que représente ces travaux. A chacun de se faire son opinion…

La calade avant que la porte voûtée ne s’écroule sur un cochon, seule victime de ce drame patrimonial

Le site de la Viale de Bourdeaux a été abandonné il y a longtemps. Sur cette photo, datant probablement du début du XXème siècle, apparaît une tour en mauvais état, depuis écroulée.

Comme dans bon nombre de villages de la Drôme, et sans doute d’ailleurs, les pierres de ces bâtiments abandonnés et ruinés ont été utilisées pour construire d’autres maisons, en dehors du village fortifié.

Les images qui suivent permettent d’établir une comparaison avant/après, plutôt éloquente…

La montée de la Fontaine d’Alberte en 2020

Ligne de base et première étape, un photomontage (réalisé par le cabinet d’architecture Peysson et Vettorello, en charge du projet et implanté à Bourdeaux) a permis de donner un aperçu du résultat attendu.

Après accord de l’Architecte des Bâtiments de France, un appel d’offres a été lancé, les travaux ont démarré en janvier 2021, avec l’assistance du cabinet.

Après les travaux… en avril 2021. Vue montante vers la fontaine d’Alberte.
Vue descendante initiale, en contrebas de la fontaine
Après livraison. L’escalier en bas à droite reprend un ancien accès, sans doute une entrée de maison.
Au final, le résultat est conforme aux attentes exprimées lors du lancement !

De nouveau cette portion de la Viale apparaît habitée. Ceci valorise l’ensemble de l’ancien village, au delà de la qualité de vie bien améliorée du propriétaire des lieux. L’aménagement de ce jardin de plaisance privatif (accès non autorisé) est en cours, mais n’est pas visible de la calade.

La Passerelle de Viale, Gîte de France

Depuis cette transformation maison et jardins sont devenus un Gîte de France 3 épis, sous l’appellation de La Passerelle de Viale. L’accès rendu enfin possible au jardin depuis le dernier étage de la maison, qui contient la cuisine et la salle de séjour, a considérablement augmenté l’agrément des lieux. Pour la satisfaction des propriétaires et des hôtes !

Le nez dans l’herbe

Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit bien d’une herbe ou plutôt des herbes de nos contrées, de celles qui forment de belles prairies dans lesquelles faune et flore croissent et se multiplient…

La macrophotographie est un plaisir parfois frais et humide, notamment en conditions pré-printanières. Mais les images produites à partir de ce petit monde sur lequel nous jetons, si nous y prêtons attention, un regard condescendant, apporte une réelle satisfaction, par leur aspect intriguant et onirique. En voici quelques exemples, produits en quelques dizaines de minutes dans un parc nord-isérois…

Une fleur cultivée, l’anémone
et une fleur autre échappée du jardin…
Au ras du sol, tout prend une autre allure. On penserait à un fond sous-marin
Une symétrie inattendue, et naturelle
Tête-à-tête végétal
Un séneçon printanier, à différents stades de la reproduction
Une ortie sort ses cornes
et une autre ses fleurs…
En fait, l’absence de soleil peut être une bonne chose en macrophotographie. Les contrastes sont plus doux et les couleurs mises en valeur
Cela donne un aspect brumeux, et permet aussi d’isoler les formes qui se détachent alors sur un fond cotonneux
Parfois, vient un jaillissement comme un feu d’artifice
Fourmis et autres insectes profitent aussi de cette abondance
Pour l’instant pas de dégâts…
Cela peut aussi être le contraire, avec les premiers pollinisateur. Les promesses de fruits émergent. Ceux-ci ne seront pas tous comestibles, mais le plaisir des yeux est lui bien là !
Les graines sur les tiges desséchées vont prochainement se disperser et enrichir la variété des espèces végétales, gage de diversité et de vie…

Toutes ces photos ont été réalisées le même jour entre 11h00 et 13h00, avec un appareil Pentax K-3 II sur lequel était monté un 100 mm macro, également d’origine Pentax.

Soudan, 1986 – Mission au Darfour

Certaines photos prises il y a bien longtemps mériteraient d’être mises en valeur, et publiées ou (ré)imprimées. Pour cela il est possible de procéder à un scannage des négatifs et des diapositives originales, puis d’utiliser la puissance des outils de développement numérique pour valoriser par une post-production les images qui le méritent.

En 2019 j’ai ainsi pu réaliser une exposition consacrée à l’année que j’avais passée en 1986 en tant que bénévole, au Darfour au Soudan avec la Croix Rouge. La région était plus calme qu’aujourd’hui, mais la sécheresse avait sévi plusieurs années consécutives ; la communauté internationale s’était organisée pour tenter d’en atténuer les effets. Les images ci-dessous sont issues de la numérisation des documents originaux (négatifs et diapositives).

Au petit matin, le camion s’apprête à repartir. Il fait froid, chacun se protège comme il le peut.
Sur le bord du marché de Kongo Haraza, deux vieillards conversent à l’ombre
Un père et son fils, marché de Beida
Les marchands permanents ont le sourire de ceux qui traversent la crise sans trop de dommages
Rencontre fortuite avec un chef traditionnel en inspection dans un hameau où va avoir lieu une distribution de vivres
Une mère nourrit son enfant (feeding center Croix Rouge, Beida)
Une jeune réfugiée sourit à l’objectif. Le khawaja (l’étranger) qui la prend en photo commence à faire partie du décor, depuis plusieurs mois
Une caravane remonte vers le point de stockage, elle permettra d’atteindre des villages isolés rendus inaccessibles par les inondations qui ont succédé à la sécheresse
L’oued Kadja (Wadi Kadja sur les cartes anglaises) charrie une eau peu engageante, mais bénéfique pour les cultures. L’oued est à sec la majeure partie de l’année
L’hélicoptère affrété par l’USAID repart après avoir déposé des suppléments nutritionnels, plus fragiles que les sacs de grain qui ne nécessitaient pas un atterrissage

Ces images réduites ne sont que peu représentatives de la qualité du développement. Si certaines photos semblent avoir du bruit, c’est plus lié au grain de la pellicule qu’à la numérisation et au traitement. Quelques unes de ces images ont été tirées en format 60 par 90 cm avec une définition très satisfaisante.

Les oiseaux ne se retournent pas

Bande dessinée de Nadia NAKHLÉ (ci-dessous, présentation extraite du site Les notes)

Amel dit au revoir à son pays. Le rouge de son cerf volant est la seule couleur au sein de sa ville noire en guerre. Ses grand parents l’ont aidé à faire son sac, lui ont appris les dix règles de servie du migrant : ne faire confiance à personne, ne jamais révéler son identité… Amel est confiée à des amis, et devient Nina. Le grand voyage commence, vers Paris, peut être. Ailleurs, Bacem déserte l’armée. Assez de kalach, assez de guerre, assez de mort. Il s’enfuit. Leurs errances vont se croiser, comme deux oiseaux qui ne doivent pas se retourner…

Ode à tous les migrants du monde, à tous ceux qui sont séparés de leur famille pour affronter la solitude et la peur, ce poème graphique inspiré de chants persans est magnifique et terrible à la fois. La délicatesse des jeunes héros tranche avec les images terrifiantes de la guerre, des militaires, des camps, qui noircissent les pages. La musique, le chant, et finalement les rêves, magnifiquement illustrés, sauvent ces êtres déracinés. Le thème a été traité maintes fois, et souvent avec autant de force. Il reste pour autant toujours terriblement d’actualité.

De cette épopée, la narratrice a pris matière pour la bande dessinée, mais aussi pour un spectacle éponyme. Voici quelques images de celui-ci, représentation donnée à La Halle de Dieulefit le 1er octobre 2020 dans le cadre du festival Voix d’Exil organisé par l’association Les Nouvelles du Conte à Bourdeaux.

Les adieux et les conseils
Une longue et oppressante marche
Dialogue
L’oud accompagne le voyage, la musique se fait soutien du texte, sans pathos aucun
Les éclairages très travaillés rythment les changements de scène
La musique n’est pas omniprésente, l’émotion oui
Mon ami, mon frère, si toi tu ne brûles pas, si moi je ne brûle pas, qui éclairera la route ? Nazim Hikmet
Faire confiance, mais à qui, dans les moments les plus inquiétants ?
Enfin un certain repos. La lumière devient plus chaude.
Les comédiens et Nadia Nakhlé (deuxième à partir de la gauche)

Concert Medz Bazar

Dans le cadre du Festival Voix d’Exils, piloté par l’association Les Nouvelles du Conte à Bourdeaux, ont été organisés trois spectacles ayant tous pour point commun l’exil ou l’étranger et la musique.

Le 1er octobre 2020, à la Halle de Dieulefit, Medz Bazar, collectif musical qui chante dans la langue maternelle de chacun des membres (turc, arménien, français et anglais) des pièces inspirées des traditions populaires, modernes ou plus anciennes.

Moment fort, une des musiciennes, Sevana, était absente, retenue à Erevan pour raison de guerre : le conflit du Haut Karabakh. Parfois la réalité s’immisce dans la représentation et l’évocation. L’équipe de la Bizz’Art, qui avait ce soir là organisé la soirée, a pu mettre en place un duplex avec l’Arménie et le collectif s’est retrouvé le temps d’un instant émouvant à six, son format habituel. C’est la première photo : retenue chez elle Sevana en fond vidéo chante devant les spectateurs, accompagnée par les musiciens installés sur l’estrade.

Sevana à Erevan chante devant les spectateurs de Voix d’Exils rassemblés à la Halle de Dieulefit
Medz Bazar maintenant réduit à cinq…
Medz Bazar, Marius Pibarot
Medz Bazar, Shushan Kerovpyan
Medz Bazar, Elâ Nuroglu
Medz Bazar, Elâ Nuroglu
Medz Bazar, Ezgi Sevgi Can
Medz Bazar, Vahan Kerovpyan
Medz Bazar, Ezgi Sevgi Can
Medz Bazar

Superbe concert. Pour une illustration sonore, je vous invite à voir la vidéo sur You Tube d’une chanson chypriote turque envoûtante : Dolama. Peu importe la vidéo (on aime on on aime pas l’image, personnellement ce n’est pas ma tasse de thé), ce qui compte c’est la musique : prenez le temps d’écouter.

Art urbain ou Street art ? Une introduction

En anglais « Street art ». Dans cette appellation le mot « art » est parfois galvaudé, si on en prend la définition couramment admise de ce terme (L’art est une activité, le produit de cette activité ou l’idée que l’on s’en fait s’adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect, selon Wikipédia).

On est bien loin dans les cas qui ressortent de cette acception du graffiti, pollution visuelle rendue accessible à tous par l’introduction sur le marché de la peinture aérosol en bombe et des gros marqueurs.

De plus, cet art urbain n’est pas seulement pictural, il peut aussi prendre l’aspect d’une installation, comme le montre la troisième illustration ci-dessous.

Personnellement, j’aime mêler découverte urbaine, street art et photo de rue. Sur certaines des images ci-dessous sont mêlées figures peintes et personnages réels. La présence humaine donne, à mon sens, une dimension intrigante à l’œuvre murale…

Grenoble
Varces (Isère)
Aspres sur Buëch (Hautes Alpes)
Gap (Hautes Alpes)
Lenzbourg (Suisse)

Cette introduction succincte sera suivie d’autres articles. Le suivant concernera les Murales de Montréal, une découverte forte par la qualité des œuvres et la diversité des thèmes ! Donc : (A suivre…), c’est le mot de la fin très provisoire !

Une découverte : Joaquin Sorolla

Exposition à l’Hôtel de Caumont à Aix en Provence, du 10 juillet au 1er novembre 2020. Un peintre espagnol, dont j’ignorais jusqu’au nom, et que des amis m’ont fait découvrir. Sorolla (1863 – 1923) jongle avec les lumières et la matière, il traduit sans embellir qu’il s’agisse du portrait de sa femme, Clotilde, ou de simples pêcheurs à l’ouvrage.

Sa palette est riche en couleurs, comme elle l’est très souvent en densité. Le trait n’est jamais forcé, les compositions sont travaillées. J’ai été surpris par l’aspect photographique de certains de ses cadrages. La photo ne lui était pas étrangère, son beau-père avait cet art pour profession.

Portrait de Clotilde en robe grise (détail)
Bain à la plage
Avant le bain (Valence)
Pêcheuse valencienne (détail)
Le filet (détail)
L’ombre de la voile, Valence (détail)
Fin de journée

Le catalogue de l’exposition est très bien fait, il ne se limite pas aux toiles et esquisses accrochées, il est une excellente initiation à la vie et à l’œuvre du peintre.

Le festival 2020 des Nouvelles du Conte

Une édition « petit format »

Ce festival « spécial COVID » s’est déroulé de manière très différente des éditions précédentes : en itinérance totale, tous les jours la scène montée sur remorque changeait de lieu. Ce fut ainsi l’occasion d’une double découverte : découverte de nouveaux talents, celui des conteuses présentant parfois pour la première fois leur spectacle en chantier ou en sortie de résidence, et découverte de lieux splendides du Pays de Bourdeaux.

Pour le photographe, ce fut pain bénit. Les contées commençaient à 18 heures, et si le temps a été parfois frais et venteux, voire orageux, les lumières étaient superbes.

Quant à la randonnée contée, elle fut reposante. Installés sur des bancs placés à distance covidement acceptable, nous n’avions qu’à écouter assis les histoires entrelacées des deux complices de cette séance introductive.

Pour en savoir plus sur le festival : ici, ouverture dans un nouvel onglet.

Quelques images pour vous donner des regrets

Kamel Guennoun et Bernard Foray-Roux
Catherine Fonder
Layla Darwiche
Najoua Darwiche
Florence Sellier
Nathalie Thibur
Brigitte Ragot et Nathalie Leibenguth
Sophie Biset et Lucie Galibois
Le salut final

En été, un jour d’orage

Le temps était vraiment sombre, au milieu de la journée. Les nuages circulaient, ils faisait tiède et humide, par moment quelques gouttes précipitaient. L’orage n’était pas loin, mais il n’éclatait pas.

Les photos ont été retravaillées pour renforcer l’aspect dramatique du moment et des lieux. Cela peut paraître artificiel, tout est question de goût, j’aime personnellement les images fortes.