Les oiseaux ne se retournent pas

Bande dessinée de Nadia NAKHLÉ (ci-dessous, présentation extraite du site Les notes)

Amel dit au revoir à son pays. Le rouge de son cerf volant est la seule couleur au sein de sa ville noire en guerre. Ses grand parents l’ont aidé à faire son sac, lui ont appris les dix règles de servie du migrant : ne faire confiance à personne, ne jamais révéler son identité… Amel est confiée à des amis, et devient Nina. Le grand voyage commence, vers Paris, peut être. Ailleurs, Bacem déserte l’armée. Assez de kalach, assez de guerre, assez de mort. Il s’enfuit. Leurs errances vont se croiser, comme deux oiseaux qui ne doivent pas se retourner…

Ode à tous les migrants du monde, à tous ceux qui sont séparés de leur famille pour affronter la solitude et la peur, ce poème graphique inspiré de chants persans est magnifique et terrible à la fois. La délicatesse des jeunes héros tranche avec les images terrifiantes de la guerre, des militaires, des camps, qui noircissent les pages. La musique, le chant, et finalement les rêves, magnifiquement illustrés, sauvent ces êtres déracinés. Le thème a été traité maintes fois, et souvent avec autant de force. Il reste pour autant toujours terriblement d’actualité.

De cette épopée, la narratrice a pris matière pour la bande dessinée, mais aussi pour un spectacle éponyme. Voici quelques images de celui-ci, représentation donnée à La Halle de Dieulefit le 1er octobre 2020 dans le cadre du festival Voix d’Exil organisé par l’association Les Nouvelles du Conte à Bourdeaux.

Les adieux et les conseils
Une longue et oppressante marche
Dialogue
L’oud accompagne le voyage, la musique se fait soutien du texte, sans pathos aucun
Les éclairages très travaillés rythment les changements de scène
La musique n’est pas omniprésente, l’émotion oui
Mon ami, mon frère, si toi tu ne brûles pas, si moi je ne brûle pas, qui éclairera la route ? Nazim Hikmet
Faire confiance, mais à qui, dans les moments les plus inquiétants ?
Enfin un certain repos. La lumière devient plus chaude.
Les comédiens et Nadia Nakhlé (deuxième à partir de la gauche)

Concert Medz Bazar

Dans le cadre du Festival Voix d’Exils, piloté par l’association Les Nouvelles du Conte à Bourdeaux, ont été organisés trois spectacles ayant tous pour point commun l’exil ou l’étranger et la musique.

Le 1er octobre 2020, à la Halle de Dieulefit, Medz Bazar, collectif musical qui chante dans la langue maternelle de chacun des membres (turc, arménien, français et anglais) des pièces inspirées des traditions populaires, modernes ou plus anciennes.

Moment fort, une des musiciennes, Sevana, était absente, retenue à Erevan pour raison de guerre : le conflit du Haut Karabakh. Parfois la réalité s’immisce dans la représentation et l’évocation. L’équipe de la Bizz’Art, qui avait ce soir là organisé la soirée, a pu mettre en place un duplex avec l’Arménie et le collectif s’est retrouvé le temps d’un instant émouvant à six, son format habituel. C’est la première photo : retenue chez elle Sevana en fond vidéo chante devant les spectateurs, accompagnée par les musiciens installés sur l’estrade.

Sevana à Erevan chante devant les spectateurs de Voix d’Exils rassemblés à la Halle de Dieulefit
Medz Bazar maintenant réduit à cinq…
Medz Bazar, Marius Pibarot
Medz Bazar, Shushan Kerovpyan
Medz Bazar, Elâ Nuroglu
Medz Bazar, Elâ Nuroglu
Medz Bazar, Ezgi Sevgi Can
Medz Bazar, Vahan Kerovpyan
Medz Bazar, Ezgi Sevgi Can
Medz Bazar

Superbe concert. Pour une illustration sonore, je vous invite à voir la vidéo sur You Tube d’une chanson chypriote turque envoûtante : Dolama. Peu importe la vidéo (on aime on on aime pas l’image, personnellement ce n’est pas ma tasse de thé), ce qui compte c’est la musique : prenez le temps d’écouter.

Art urbain – épisode 1, une introduction

En anglais « Street art ». Dans cette appellation le mot « art » est parfois galvaudé, si on en prend la définition couramment admise de ce terme (L’art est une activité, le produit de cette activité ou l’idée que l’on s’en fait s’adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect, selon Wikipédia).

On est bien loin dans les cas qui ressortent de cette acception du graffiti, pollution visuelle rendue accessible à tous par l’introduction sur le marché de la peinture aérosol en bombe et des gros marqueurs.

De plus, cet art urbain n’est pas seulement pictural, il peut aussi prendre l’aspect d’une installation, comme le montre la troisième illustration ci-dessous.

Personnellement, j’aime mêler découverte urbaine, street art et photo de rue. Sur certaines des images ci-dessous sont mêlées figures peintes et personnages réels. La présence humaine donne, à mon sens, une dimension intrigante à l’œuvre murale…

Grenoble
Varces (Isère)
Aspres sur Buëch (Hautes Alpes)
Gap (Hautes Alpes)
Lenzbourg (Suisse)

Une découverte : Joaquin Sorolla

Exposition à l’Hôtel de Caumont à Aix en Provence, du 10 juillet au 1er novembre 2020. Un peintre espagnol, dont j’ignorais jusqu’au nom, et que des amis m’ont fait découvrir. Sorolla (1863 – 1923) jongle avec les lumières et la matière, il traduit sans embellir qu’il s’agisse du portrait de sa femme, Clotilde, ou de simples pêcheurs à l’ouvrage.

Sa palette est riche en couleurs, comme elle l’est très souvent en densité. Le trait n’est jamais forcé, les compositions sont travaillées. J’ai été surpris par l’aspect photographique de certains de ses cadrages. La photo ne lui était pas étrangère, son beau-père avait cet art pour profession.

Portrait de Clotilde en robe grise (détail)
Bain à la plage
Avant le bain (Valence)
Pêcheuse valencienne (détail)
Le filet (détail)
L’ombre de la voile, Valence (détail)
Fin de journée

Le catalogue de l’exposition est très bien fait, il ne se limite pas aux toiles et esquisses accrochées, il est une excellente initiation à la vie et à l’œuvre du peintre.

Le festival 2020 des Nouvelles du Conte

Une édition « petit format »

Ce festival « spécial COVID » s’est déroulé de manière très différente des éditions précédentes : en itinérance totale, tous les jours la scène montée sur remorque changeait de lieu. Ce fut ainsi l’occasion d’une double découverte : découverte de nouveaux talents, celui des conteuses présentant parfois pour la première fois leur spectacle en chantier ou en sortie de résidence, et découverte de lieux splendides du Pays de Bourdeaux.

Pour le photographe, ce fut pain bénit. Les contées commençaient à 18 heures, et si le temps a été parfois frais et venteux, voire orageux, les lumières étaient superbes.

Quant à la randonnée contée, elle fut reposante. Installés sur des bancs placés à distance covidement acceptable, nous n’avions qu’à écouter assis les histoires entrelacées des deux complices de cette séance introductive.

Pour en savoir plus sur le festival : ici, ouverture dans un nouvel onglet.

Quelques images pour vous donner des regrets

Kamel Guennoun et Bernard Foray-Roux
Catherine Fonder
Layla Darwiche
Najoua Darwiche
Florence Sellier
Nathalie Thibur
Brigitte Ragot et Nathalie Leibenguth
Sophie Biset et Lucie Galibois
Le salut final

En été, un jour d’orage

Le temps était vraiment sombre, au milieu de la journée. Les nuages circulaient, ils faisait tiède et humide, par moment quelques gouttes précipitaient. L’orage n’était pas loin, mais il n’éclatait pas.

Les photos ont été retravaillées pour renforcer l’aspect dramatique du moment et des lieux. Cela peut paraître artificiel, tout est question de goût, j’aime personnellement les images fortes.