Février a laissé sa traîne de glace, qui s’est incrustée en ces premiers jours de mars. Au chaud devant mon écran, je parcours les images de temps plus agréables. Et je retrouve celles que j’ai collectées il y a déjà quelques années au long d’une rivière, dans une ambiance à la fois ensoleillée et onirique…
Il y a deux semaines, la Russie a envahi l’Ukraine. C’est peut-être à cause de cet événement que cette image d’une nostalgie poétique a retenu mon attention. Parce qu’il reste un peu de couleur malgré les assauts des agents agresseurs, parce qu’il y a un message qui aujourd’hui trouve un écho singulier…
Liberté, liberté, qu’as-tu fait de ta liberté, de ceux qui voulaient te défendre ?
Avec une rose au chapeau, bien plus jolie qu’un drapeau…
Rien n’a changé dans leur cœur, ils n’ont pas froid, n’ont pas peur, c’est toujours toi liberté leur soleil.
Le flot d’information nous accable, il nous donne mauvaise conscience. Avons-nous le droit d’être heureux quand d’autres souffrent de blessures, de privations physiques et morales ? La mauvaise conscience est-elle une obligation ? Que faire quand nous ne pouvons rien faire, ou pas grand chose ? Quand il est tout simplement raisonnable d’être égoïste, quand aucune porte ne s’ouvre, si ce n’est sur un dilemme irrésolu…
Les reflets de ces enveloppes déchirées me semblent illustrer ce malaise. Il y a le solide de la réalité, la matière, le matériel. Il y a aussi le reflet trouble que l’eau calme renvoie à nos émotions et à nos esprits.
A certains moments seule la ruine survit. Et elle nous renvoie à des temps meilleurs, à des époques où il était possible de parcourir les horizons sans crainte et sans honte. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
La nostalgie est un vilain défaut. Et pour la satisfaire aujourd’hui, ce sont des vers de Musset qui remontent à la surface de mon esprit…
Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misère que ce riant adieu d’un être inanimé. Eh bien ! qu’importe encore ? Ô nature ! ô ma mère ! En ai-je moins aimé ?
La foudre maintenant peut tomber sur ma tête ; jamais ce souvenir ne peut m’être arraché ! Comme le matelot brisé par la tempête, je m’y tiens attaché.
Je ne veux rien savoir, ni si les champs fleurissent ; ni ce qu’il adviendra du simulacre humain, ni si ces vastes cieux éclaireront demain ce qu’ils ensevelissent.
Le soleil comme les traits s’est effacé. Les larmes du ciel détrempent les restes. Ne demeure que ce que l’imagination peut reconstruire des temps plus heureux… Bientôt le printemps, qu’apportera-t-il ?